Mort ? Pas mort ? La question demeurait sans réponse définitive au moment où nous tracions le présent éditorial consacré au cofondateur du groupe paramilitaire russe Wagner.
Alors qu'il y a à peine trois jours de cela Evgueni Prigojine apparaissait arme au poing dans une vidéo et déclarait se trouver en Afrique avec ses hommes, voilà qu'une information qui a vite fait le tour du monde annonçait hier sa disparition.
Selon plusieurs agences de presse russes, le « cuisinier de Poutine » se trouvait à bord d'un de ses jets privés qui a craché dans la région de Tver alors qu'il ralliait Saint-Pétersbourg en provenance de Moscou.
Au bord de l'appareil en flammes qui a fini sa course dans un champ, se trouvaient, selon les autorités, 9 autres personnes dont l'autre patron de Wagner, Dmitri Outkine.
Alors que beaucoup cherchaient à confirmer ou en savoir davantage sur ce crash dont les images présumées avaient commencé à faire le tour de la toile, une autre information venue cette fois des réseaux proches de Wagner parlait d'un second avion à bord duquel se trouvait Prigojine et qui aurait fait demi-tour vers Moscou.
Face à ces deux versions contradictoires, c'était hier le branle-bas de combat dans les grandes rédactions afin d'obtenir un scoop soit annonçant la mort du fantasque chef de Wagner ou pas.
Dans tous les cas, avec ce jet privé qui s'est écrasé avec le commandement du célèbre groupe de mercenaires, difficile de croire à une éventuelle thèse accidentelle d'autant plus que l'on a toujours en mémoire son éphémère rébellion en fin juin dernier contre le pouvoir central.
L'imprévisible Prigojine avait donné l'ordre à ses hommes de marcher sur la capitale avant de se rebiffer 24h après, à l'issue d'une médiation menée par le président biélorusse Alexandre Loukachenko.
Il est vrai qu'après cet affront fait au nouveau Tsar de la Russie, l'ancien repris de justice semblait curieusement être toujours dans les bonnes grâces du maître du Kremlin, allant même jusqu'à faire quelques apparitions remarquées lors du sommet Russie-Afrique qui s'est tenu les 27 et 28 juillet 2023 à Saint-Pétersbourg.
Mais connaissant la logique du pouvoir russe, il ne serait pas étonnant que Vladimir Poutine ait fait sien cet adage qui dit que la vengeance est un plat qui se mange froid. Et si la mort de son chien de guerre venait à être confirmée, cela n'étonnerait pas grand monde dans la mesure où il avait démontré lors de sa marche sur Moscou que le monstre qu'il était pouvait échapper à tout moment à son créateur.
La question serait de savoir si le groupe de barbouzes allait survivre à l'élimination ou à la mort accidentelle de ses chefs. Une interrogation particulièrement lancinante en Afrique où Wagner est présent, notamment en Centrafrique et au Mali où il soutient les régimes en place en contrepartie d'une main mise sur les ressources minières telles le diamant et l'or.
Poutine va-t-il profiter du fait que la tête de Wagner est coupée pour l'enterrer définitivement ou va-t-il faire une OPA sur l'entreprise de mercenaires en nommant de nouveaux chefs dont il est sûr de la loyauté ? Les jours à venir nous situeront.