Burkina Faso: Nongodo Assane Sawadogo, enseignant, artiste peintre, calligraphe et plasticien - « Il faut que les Burkinabè m'accompagnent d'abord avant d'être vu à l'extérieur »

interview

Nongodo Assane Sawadogo est enseignant du primaire depuis 1995, marié et père de quatre enfants dont deux garçons et deux filles, orphelins de mère. Connu sous le sobriquet « NAS », il est multidimensionnel avec ses casquettes d'artiste peintre, plasticien et calligraphe, qui fait la fierté sur le plan national et international. Sidwaya a rencontré cet homme de l'art peu connu du public burkinabè. Dans cette interview, Nongodo Assane Sawadogo revient, entre autres, sur ses spécialités et ses voeux.

En plus de l'enseignement, vous avez les casquettes d'artiste peintre, de plasticien et de calligraphe. Que faites-vous réellement ?

Je suis artiste peintre, artiste plasticien en herbe mais je ne suis pas encore très connu. Je peins le réel. Je ne suis pas dans l'abstrait, mais plutôt dans le concret.

Qu'entendez-vous par peindre le réel ?

Je me base sur ce que tout le monde constate dans la vie réelle (réalité). Si je peins un animal, les gens doivent être en mesure de nommer l'animal. Je touche aussi au paysage.

Depuis quand menez-vous ces activités ?

Je dirais que je suis né avec ce talent. Depuis le bas âge, avant d'être inscrit à l'école, j'aimais dessiner sur le sol. Par la suite, je me suis rendu compte que je devais développer ce talent qui dormait en moi. C'est ainsi qu'après l'école primaire, j'ai fait le Centre national d'art aux côtés d'Ali Kéré avec qui j'ai beaucoup appris. Après cela, j'ai appris avec d'autres maitres d'art tels que Georges Yoda, Elvis Sawadogo qui est un pasteur peintre et par la suite, j'ai été avec le maître de ce pasteur.

Quels sont les matériaux que vous utilisez pour réaliser vos tableaux ?

Ce sont des tableaux en bois, mais peints sur des toiles en tissu.

Tantôt vous parlez de tableaux inachevés, qu'est-ce qui explique cela ?

Habituellement, je ne livre pas le produit, s'il n'est pas fini, c'est-à-dire tant qu'il n'est pas encadré. Et le choix du cadre compte, car, chaque tableau à un type de cadre qui lui sied. On ne peut pas mettre n'importe quel cadre au tableau. Ce qui pose problème, c'est le fait que pour encadrer tous ces tableaux avant exposition, ce n'est pas facile et il me faut donc de l'aide.

Parlant de finances, quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

Jusqu'à présent, je m'autofinance. Avant tout, je suis enseignant et j'investis mon salaire et les ressources que je gagne par la vente aussi de tableaux pour, au finish, sortir des oeuvres de qualité.

Qui sont vos clients sur le plan national et international ?

Pour bâtir l'extérieur, il faut d'abord bâtir l'intérieur. Je ne suis pas très connu sur le plan national, donc il faut que les Burkinabè m'accompagnent pour que je puisse être vue à l'extérieur. Je dois me faire connaitre d'abord au niveau national.

Que ce soit à l'intérieur comme à l'extérieur, des gens se procurent-ils vos chef-d 'oeuvres ?

Oui, puisqu'ici ,pour faire notre métier, il faut commencer par le dessin. Alors, si je remonte au collège, j'ai déjà commencé à l'époque avec la reproduction de cartes de voeux, de mariage, etc. Je fais partie des premiers à illustrer les livres du Cours préparatoire (CP) et élémentaires (CE) dans certaines écoles. Cela faisait partie de mes grands marchés. Au collège, au début où le SIDA est apparu sous nos cieux, j'ai été contacté par une structure qui m'a demandé des illustrations. A partir de 2006 déjà, j'étais responsable de mon atelier.

En 2008, j'ai eu à faire la conception des armoiries de la commune de Zitenga pour le compte de la mairie de Zitenga. En 2007, il y a eu la réalisation de six exemplaires des armoiries de la commune de Gourcy pour le compte de la mairie de Ouahigouya. Toujours en 2007, j'ai réalisé deux tableaux au profit de la ministre de l'Action sociale et de la Solidarité nationale et du ministre en charge de l'agriculture. En 2006 aussi, j'ai fait la calligraphie de quelques panneaux d'indications pour le compte du Cercle de renforcement de l'expertise en Afrique (CREA) et des tableaux de peinture au profit de la ministre en charge de l'action sociale et de James Free Foster, représentant de Plan Burkina.

En 2006, il y a eu également l'illustration de 350 images de livres des classes de CP1, CP2 et CE1 au profit de cinq écoles primaires de Manga, financées par l'association Borne Fonden, de douze figurines sur la meilleure technique de transformation et de conditionnement du beurre de karité pour le compte du Bureau d'étude IAD, des calligraphies de panneaux indicatifs du groupe scolaire Espoir Teega Wendé, etc. Pour la conception des tableaux, ce sont des cadres qui viennent me voir et me donnent un thème. Par la suite, je développe un tableau par rapport au thème.

Avez-vous déjà organisé des expositions de vos oeuvres ?

Non, je n'ai pas encore exposé mes oeuvres. Je compte sur le soutien de bonnes volontés pour le faire.

Quel est votre voeu ?

Votre venue est un facteur catalyseur, j'estime désormais que je peux montrer mes oeuvres au peuple burkinabè. C'était comme si je n'avais pas confiance en moi et que j'allais un peu vers la perfection même si elle n'est pas de ce monde. J'essaie d'aller vers des structures qui peuvent m'aider à faire rayonner mon art. Telle est ma volonté maintenant. Au-delà du fait que cela me plait, c'est de faire également plaisir aux autres. Dans ces peintures, je touche à tout, ce qui signifie que si c'est lors des expositions, chacun pourra y trouver son compte allant du particulier, aux entreprises, aux ministères. Ceux qui sont intéressés peuvent m'aider à faire connaitre ce que je fais pour le bonheur de tous.

 

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