Dans la région de Beni, à peine vingt voitures sur cent ont une plaque minéralogique régulière. Les autres circulent avec des plaques IT ou immatriculation temporaire, renseigne-t-on à la Direction générale des impôts (DGI) section de Beni
Une immatriculation temporaire peut durer cinq ans pour certains conducteurs, voire plus pour d'autres.
Mais tous les conducteurs rejettent la responsabilité sur la DGI qui, selon eux, n'arrive pas à envoyer les précieux sésames de plaques d'immatriculation.
Cette situation occasionne un sérieux manque à gagner pour les caisses de l'Etat, mais arrange certains conducteurs, qui échappent ainsi au paiement des frais dus.
« Je viens de faire trois ans sans aucune plaque minéralogique. Je conduis avec la plaque temporaire sans être inquiété », affirme un chauffeur de voiture de transport en commun, rencontré au parking public de Beni.
Selon lui et ses collègues, le problème se situe au niveau de la Direction générale des Impôts, qui n'arrive pas à produire suffisamment et à temps les plaques d'immatriculation.
Pourtant, ajoutent-ils, dans une zone en conflit, comme Beni-Butembo-Lubero, une plaque d'immatriculation peut s'avérer utile dans le cadre de la lutte contre l'insécurité.
Bref, selon les mêmes sources, la volonté y est, mais l'Etat ne fait pas son travail.
Alphonse Kakule, propriétaire d'une voiture depuis une année, explique :
« J'ai eu la volonté et le courage de passer à la DGI à maintes reprises pour voir comment me conformer à la loi par rapport à l'obtention de la plaque d'immatriculation ; mais les responsables disent qu'ils n'ont pas de lots au bureau, et qu'ils attendent un lot en provenance de Kinshasa. Jusque-là, nous ne sommes pas approvisionnés. C'est pourquoi nous utilisons ces plaques sans nous inquiéter ».
Les conducteurs et autres propriétaires de véhicules se disent disposés à acheter nos plaques. Ils attendent le jour où ils seront approvisionnés par un lot de plaques d'immatriculation pour s'en procurer.
A la carence de plaques minéralogiques, s'ajoute le trafic d'influence, déclare le commissaire supérieur adjoint, Adolphe Muke, commandant de la Police de circulation routière (PCR) à Beni.
Selon lui, dès que la police arrête un véhicule pour défaut de plaque d'immatriculation, son propriétaire se fait accompagner par un officier gradé ou carrément une autorité qui vient le récupérer.
Le chef de centre de la DGI à Beni reconnaît la rupture de stock des plaques minéralogiques depuis deux mois, une situation qu'il juge presque générale dans le pays.
Ainsi, depuis cinq ou six ans, de nombreux propriétaires circulent avec leurs véhicules avec des plaques IT.