Romy Andrianarisoa a usé de son influence pour négocier avec des investisseurs miniers et se heurte à l'intransigeance des autorités britanniques.
« Je n'ai aucun commentaire à faire » a répliqué le ministre des Mines et des Ressources stratégiques, Olivier Herindrainy Rakotomalala, quand la presse l'a abordé, mardi dernier, sur l'affaire de suspicion de corruption de Romy Voos Andrianarisoa. Ce membre du gouvernement a formellement rejeté toute liaison de son ministère, et de l'exécutif en général, avec les dossiers qui ont conduit en prison cette ancienne directrice de cabinet du président de la République. « Il n'y a aucun lien entre le ministère des Mines et ce dont elle a eu afaire », a précisé Olivier Herindrainy Rakotomalala.
Elle est accusée de corruption par l'Agence nationale britannique anti-criminalité dans le cadre d'une négociation en vue de l'octroi d'un permis concernant les activités de la société minière britannique Gemfields à Madagascar. Mais « Elle n'a ni contacté ni mis au courant le ministère des Mines dans le cadre de ses initiatives », a soutenu le ministre des Mines et des Ressources stratégiques, qui a dédouané le gouvernement dans cette affaire qui fait scandale.
08 septembre.
Romy Voos Andrianarisoa n'est pas une novice dans le secteur minier. Mais elle est d'une réputation sulfureuse également. Le jeudi 10 août dernier, elle a été arrêtée à Londres, dans le quartier de Victoria, avec son associé français, Philippe Tabuteau. Selon le communiqué de l'agence britannique de lutte contre la criminalité NCA, Romy Andrianarisoa et Philippe Tabuteau ont réclamé illégalement la somme de 225 000 livres sterling à la société Gemfields en contrepartie de l'octroi d'un permis d'exploitation minière à Madagascar.
Pourtant, dans le pays, l'octroi d'un nouveau permis minier n'est pas encore dans l'agenda du ministère, lequel reste jusqu'à présent préoccupé dans le traitement des piles de dossiers qui ont été déposés depuis des années. Face à l'initiative de Romy Andrianarisoa, Gemfields a donc saisi l'agence britannique pour dénoncer les actes, laquelle a, par la suite, travaillé de concert avec la justice britannique pour établir la vérité. Elle est tombée dans les filets des autorités britanniques. Suite à l'arrestation, et après avoir comparu devant le juge, les deux associés ont été jetés en prison et attendent leur procès du 08 septembre prochain.
2009
Dès l'éclatement du scandale, la présidence de la République s'est vite débarrassée de Romy Voos Andrianarisoa, qui occupait le poste de directrice du cabinet civil depuis plusieurs mois. L'ancienne employée de British Petroleum à Madagascar semble avoir eu du mal à résister aux tentatives de corruption face à l'insistance de Gemfields d'opérer dans le pays. Puisque la société, d'après certaines écritures, aurait déjà tenté à plusieurs reprises de décrocher ses autorisations, mais elle s'est toujours heurtée à des réticences en haut lieu. La mise en oeuvre des projets de Gemfields dans le pays a été doublement confrontée à un contexte particulier, 2009 et 2023, notamment en matière d'exploitation minière. Gemfields est présent dans le pays depuis 2008 à travers la société Oriental Mining.