Ile Maurice: Cannes non-transportées aux usines - Manque à gagner de Rs 63,1 millions !

Ces chiffres, les autorités ne veulent pas les dévoiler au public. Encore moins aux planteurs de cannes à sucre... Ils révèlent que pour la récolte sucrière 2022, 29 280 tonnes de cannes n'ont pu être transportées jusqu'aux usines, ce qui représente un manque à gagner d'environ Rs 63,1 millions.

Cela signifie que les cannes n'ont pas été coupées ou alors coupées mais n'ont pas été transportées vers les établissements sucriers ! Résultat : le secteur cannier n'est pas au bout de ses peines, malgré la hausse constante du prix du sucre.

Les chiffres dont disposent les autorités sont les suivants : 28 200 tonnes de cannes sont restées dans les champs, couvrant une superficie de 1 128 arpents de terrain. Avec ces 28 200 tonnes de cannes, 1 974 tonnes de sucre auraient pu être produites. De plus, sur une superficie de 43,2 arpents de terrain, 1 080 tonnes de cannes ont été coupées mais n'ont pu être transportées aux usines avant la date limite de fermeture des établissements sucriers.

Avec ces 1 080 tonnes de cannes, 75,6 tonnes de sucre auraient pu être produites. Au total, 29 280 tonnes de cannes n'ont pu être broyées, ce qui aurait généré un peu plus de 2 049 tonnes de sucre. Étant donné les recettes du sucre, fixées à partir de cette année à Rs 30 819 par tonne, cela représente un montant de Rs 63,1 millions qui ne rentrera pas dans les caisses des petits planteurs...

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D'autres chiffres dont disposent les autorités concernent les terrains abandonnés. En 2022, la superficie cultivée en cannes a été réduite de 1 800 arpents par rapport à l'année précédente, laissant ces terrains en friche depuis la récolte sucrière de 2021. Sur ces 1 800 arpents, 45 000 tonnes de cannes auraient pu être produites, fournissant 3 150 tonnes de sucre. En se basant toujours sur les mêmes données, ces terrains abandonnés représentent une somme de Rs 97 millions en termes de recettes pour ces 3 150 tonnes de sucre. En somme, le pays subit un manque à gagner de Rs 160 millions.

Quelles sont les raisons de ce manque à gagner ? En analysant ces chiffres, le président de la Planters' Reform Association, Salil Roy, montre du doigt le manque de maind'oeuvre. «Si vous me dites que l'année dernière, 1 800 tonnes de terre ont été abandonnées, c'est que les petits planteurs ont été découragés car avec le manque de main-d'oeuvre, poursuivre leurs activités serait une perte de temps. Quant aux cannes qui n'ont pas été coupées, là encore, c'est à cause de la main-d'oeuvre.

Certains estiment que cela n'en vaut pas la peine si on ne trouve pas de coupeurs, ou si le coût est supérieur aux recettes attendues. Pour ces cannes coupées mais non transportées aux usines avant la date de fermeture, c'est regrettable pour ces planteurs. Sans doute ont-ils trouvé la main-d'oeuvre au dernier moment, mais ils n'ont pu respecter le délai pour le transport vers les usines.» Il estime qu'avec la réduction de la surface sous culture de canne, la production d'énergie renouvelable baissera également, car il y aura moins de bagasse produite.

Salil Roy soutient, qui plus est, que les autorités doivent agir rapidement, voire très rapidement. «C'est bien que la Mauritius Cane Industry Authority (MCIA) travaille sur un plan d'importation de main-d'oeuvre pour l'agriculture, mais j'espère que nous avancerons rapidement, sinon, malgré la hausse du prix du sucre, le pays perdra l'opportunité de générer des devises étrangères dont il a grandement besoin.»

Du côté de la MCIA, après la réunion avec les représentants des planteurs et les syndicats, la semaine dernière, les autorités doivent avant tout présenter une loi sur l'importation de main-d'oeuvre étrangère dans le domaine agricole, avant que les contractuels ou petits planteurs puissent faire des demandes pour recruter des travailleurs agricoles à Maurice.

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