Une manifestation des étudiants de l'Université d'Antananarivo a été repoussée par les forces de l'ordre jeudi. Ils réclament la reprise des cours, perturbés par la grève des enseignants-chercheurs, et dénoncent l'inaction du gouvernement pour débloquer la situation.
La foule d'étudiants s'est déplacée dans la rue menant à l'Université pour faire entendre ses revendications. Banderoles dans les mains, ces derniers ont aussi brûlé des pneus et lancé des invectives à l'égard des autorités avec, en fond, la musique de campagne de la présidentielle de 2018 du chef de l'État.
Les présidents d'associations étudiantes de neuf facultés avaient appelé les étudiants à se ressembler jeudi sur l'esplanade de l'Université pour demander la reprise des cours. Car depuis plusieurs semaines, les étudiants ne peuvent plus aller en cours, faute à une grève des enseignants-chercheurs qui réclament le paiement de leurs heures complémentaires et les salaires des vacataires.
« Les responsables nous délaissent »
Le ras-le-bol couve donc depuis plusieurs semaines, explique David Réalon, le porte-parole des étudiants de la faculté d'économie, de gestion et de sociologie : « Les enseignants sont en grève parce qu'ils ne reçoivent pas leurs salaires de la part de l'État et ce sont les étudiants qui sont victimes ».
« Les responsables nous délaissent. C'est comme s'ils s'en fichaient de l'enseignement supérieur. On sent qu'on n'a plus de soutien dans cette histoire. On se bat seul. C'est simple, si les cours reprennent, les étudiants se calmeront », ajoute-t-il.
Les forces de l'ordre, déployées en nombre aux alentours, ont repoussé la foule dans l'enceinte de l'Université. En réponse, des pierres ont été jetées par certains manifestants en direction des policiers. Six étudiants ont été arrêtés.
Certains étudiants, face à une situation qui n'évolue pas, craignent une année blanche. « On a terminé le premier semestre mais nous n'avons toujours pas les résultats des examens. C'est notre avenir qui est en danger », dénonce un étudiant en licence d'économie qui regrette d'être « obligé de manifester pour pouvoir continuer (ses) études ». Et d'ajouter : « Il faut que l'État comprenne ce qui se passe vraiment et qu'il nous donne des solutions ».
Sur une vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux, des membres des forces d'intervention de la police ont été filmés en train de mettre des coups de matraques, des coups de pieds et de coudes à des étudiants déjà arrêtés et visiblement inoffensifs.
Dans une note publiée en fin de matinée jeudi, le président de l'université d'Antananarivo a indiqué avoir levé temporairement la franchise universitaire « pour que les forces de l'ordre assurent la sécurité des biens et des personnes et pour sécuriser les athlètes à l'entrainement dans l'enceinte de l'université ». Madagascar accueille en ce moment les athlètes qui vont concourir à la 11e édition des Jeux des Iles de l'Océan Indien.