Burkina Faso: Bravo Zango !

Ca y est, Fabrice Zango a sauté et nous sommes tous devenus des champions du monde ! L'exploit de Zango nous a tous emportés dans la fièvre d'une fierté immense qui se vit.

La victoire de Zango est notre victoire ! Nous avons pris l'élan avec lui, nous avons couru avec lui et nous avons sauté ensemble ! Le résultat est là : 17, 64 mètres ! Sous d'autres cieux, on s'en vanterait à casser les tympans avec le boucan du sacre pimpant. Des artistes entreraient aussitôt en studio pour accoucher du concept de la « danse du triple saut » ou le « tango de Zango » juste pour magnifier l'enfant prodige et célébrer sa sublime victoire. Mais peut-être que l'inspiration viendra. Comme dans « Moah le fils de la folle », on peut partir de la poubelle à la citadelle ; comme Aïcha, la petite Bwaba de chez nous, on peut briser la glace du complexe et faire trembler le monde avec une extrême magnitude sur l'échelle de l'intégrité. Je n'ai jamais vu un champion aussi humble dont la victoire se résume à un devoir accompli.

On peut être grand et resté discipliné, travailleur même ! On peut trôner au-dessus du monde et faire preuve d'humilité devant ses propres exploits. Bravo Zango ! Et merci de nous avoir montré et prouvé que l'impossible n'existe pas ; seuls nos craintes et nos doutes font le lit de toutes les impossibilités. Mais cette victoire en or peut et doit nous interpeller tous. Mieux, elle doit nous inspirer chacun dans son domaine d'activité avec le leitmotiv selon lequel rien de grand ne se fait sans sacrifice. Seul le travail paie. Et comme dans tout travail, il faut être assidu et concentré. On ne réussit pas avec brio en se tournant les pouces devant l'ouvrage qui attend.

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On ne devient pas le meilleur dans son domaine sans donner le meilleur de soi-même. On ne ruse pas avec le succès, la vraie réussite porte toujours les traces de l'effort personnel. Malheureusement, nous contemplons et applaudissons les héros en étant nous-mêmes dans la case zéro. Certains de ceux qui ont connu ce garçon à ses débuts ne croyaient pas en ses chances de réussir. Mais, il n'y a de chance que l'énergie que l'on secrète au fond de soi-même pour alimenter nos rêves à travers l'action au quotidien.

Combien sommes-nous à être à l'heure au service ? Combien travaillent vraiment entre les quatre murs discrets de nos bureaux climatisés ? Combien méritent vraiment leur salaire ? Avant que le mois ne s'évanouisse, il y en a qui veillent devant les guichets de banque pour une rémunération sans gratification. Le développement passe par l'engagement de chacun. Et si chacun pouvait travailler comme pour remporter un trophée, une médaille en or, nous ne serions plus dans l'assistanat qui nous avilit. Si chacun pouvait savoir le nombre de sauts que Zango a exécutés jusque-là avant d'y arriver, personne ne se complairait devant son mur de lamentations. Mais à quoi servent le talent, le courage et la volonté si les moyens ne sont pas toujours au rendez-vous ?

Nous avons de grands sportifs dans l'âme, mais malgré leur intégrité, ils ne pourront pas courir 100, 1 500 ou 10 mille mètres pieds nus ou le ventre creux. On ne s'élance pas dans une compétition de haut niveau avec un mental qui rampe en se cherchant dans les méandres des moyens du bord. Il faut donc investir davantage dans le sport pour booster le talent de tous ces jeunes qui rêvent de perpétuer le palmarès d'Iron Bibi, de battre le record de Zango ou de Marthe Koala tout en imbibant de leur sueur le drapeau glorieux de notre Faso. Il faut aussi donner envie aux plus jeunes de faire le premier saut sans avoir peur de tomber, de soulever leur première charge sans se débiner, de monter sur un ring et de donner le coup qui vient du coeur.

Cela est valable pour toutes les disciplines. Il faut également penser à des tournées surprises ou organisées de nos talentueux ambassadeurs sportifs, culturels ou artistiques dans nos établissements scolaires. Le contact des plus jeunes avec ses icônes peut susciter des vocations et éclore de vaillantes relèves. Enfin, gageons que ce titre mondial en triple saut de Zango donnera le ton du sursaut national tant attendu par ces temps qui courent. En attendant, confidentiellement, mon voisin et moi avons déjà commencé à creuser un grand sautoir derrière le bas-fond et cette fois-ci, nous sommes très sérieux ; Zango devra passer le flambeau à Zongo ! Et tant pis pour les pieds cassés, nous sommes déterminés et résilients comme le capitaine Lion et ses hommes ! Bravo Zango !

 

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