Congo-Brazzaville: À coeur ouvert - La politique de la main tendue

Avoir de l'argent, c'est avoir le pouvoir. Mettre de l'argent sur la table, c'est exercer son pouvoir. Cela revient à prendre ses responsabilités ou, à contrario, à faire asseoir son autorité par la contrainte.

L'argent est le joker des temps modernes. En avoir ne fait pas tout, mais ne pas en avoir réduit le champ des possibilités, limite les mouvements et a le pouvoir de mettre rapidement et facilement en danger. L'argent est dans l'absolu une ressource indispensable pour vivre.

Avoir de l'argent, c'est avoir les moyens de prendre soin de soi, de combler ses besoins mais aussi ceux des autres. C'est donc avoir le pouvoir, avoir la capacité de s'asseoir à la table des décisions voire de décider pour les autres.

La limite est très mince entre le besoin de rendre service et le besoin d'être gratifié d'une manière autre que celle de la simple reconnaissance, du simple merci. Les dettes morales prennent ainsi la place des dettes d'argent, jettent l'ombre d'une redevance sur les services rendus ou les besoins comblés par le bienfaiteur opportun ou chronique.

Avoir de l'argent, c'est avoir le pouvoir. Tous l'auront compris. Mais encore comment se positionner sur cet échiquier glissant sachant que peu sont encore ceux qui peuvent se prévaloir d'être « l'élu de la famille », le bienfaiteur de la communauté, ou le portefeuille même du couple.

La question de l'argent et de sa gestion est ainsi une question épineuse qui détruit assurément des couples, des familles, des communautés et le fonctionnement même de la société. Mais aussi l'argent met des entraves psychologiques quand on doit dépendre de quelqu'un d'autre pour survivre.

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Le but est alors de travailler pour obtenir un certain degré d'autonomie financière et de s'organiser à vivre dans la mesure de ses possibilités. Même les plus grands bienfaiteurs ont leur part d'ombre et un intérêt à investir dans une personne plutôt que dans une autre. Il n'y a, dans le monde des hommes, rien qui se donne pour rien. Il y a toujours une contrepartie, ne serait-ce que morale. La Sagesse ne dit-elle pas que « la main de celui qui reçoit est toujours en dessous de celle qui donne ? »

Force est de reconnaître que même avec les plus grands efforts, la vie dans un contexte de crises économiques et sociales récurrentes reste toujours un challenge. Pour autant, tant que faire se peut, il faut éviter de se mettre sous un joug étranger car le retour n'est pas toujours envisageable. Méfiez-vous donc de ceux qui mettent facilement l'argent sur la table, de ceux qui offrent des présents avec insistance. Méfiez-vous de ceux qui se présentent en « saints-sauveurs » car vous ignorez ce qu'ils vous prennent. Préférez enfin ceux qui vous apprennent à pécher du poisson par vous-même car ils ne vous contraindront pas à la politique de la main tendue.

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