Zimbabwe: Élections - L'opposition s'indigne après l'arrestation de dizaines d'observateurs

Le triple scrutin présidentiel législatif et local a continué au Zimbabwe pour une deuxième journée ce jeudi 24 août, notamment dans la capitale. Alors que l'opposition criait déjà à la fraude avant l'annonce du prolongement du vote à cause de nombreux dysfonctionnements, une quarantaine d'observateurs zimbabwéens ont été arrêtés mercredi soir, soupçonnés par la police de « coordonner la publication présumée des résultats des élections ».

Les élections générales devaient s'achever mercredi, mais la présidence a décidé de les prolonger d'une journée à cause de nombreux dysfonctionnements et retards à l'ouverture des bureaux de vote. Deux candidats font partie des favoris : le président sortant Emmerson Mnangagwa, 80 ans, et l'opposant Nelson Chamisa, avocat et pasteur de 45 ans.

Le vote « se poursuit encore dans certaines circonscriptions », a précisé en début de soirée ce jeudi le vice-président de la Commission électorale (ZEC), Rodney Kiwa.

Pour la Coalition des citoyens pour le changement (CCC), parti d'opposition auquel appartient Nelson Chamisa, la pagaille observée lors de ce triple scrutin montre que le processus électoral est « fondamentalement défectueux », qu'il est « incapable de produire un résultat libre et équitable », a commenté son porte-parole Promise Mkwananzi.

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La CCC accuse le parti au pouvoir Zanu-PF, du président Emmerson Mnangagwa, d'organiser ces dysfonctionnements dans le but de « créer de la confusion pour brouiller les pistes ».

Cet argument pourrait se renforcer après l'arrestation mercredi 23 août au soir de 39 observateurs zimbabwéens appartenant à deux organisations de la société civile, soit le Centre de ressource électoral et le Réseau de soutien aux élections, spécialisées dans le domaine électoral. Ils ont été interpellés dans un hôtel de la capitale Harare, alors qu'ils avaient commencé un dépouillement parallèle, mais non officiel, des votes.

« Diffuser la vérité sur cette élection »

D'après les deux organisations indépendantes d'observation électorale, leurs membres ont été arrêtés mercredi dans la nuit à Harare, lors d'une opération de police dans les deux hôtels où elles avaient installé leurs bureaux. Tous ont été embarqués, leurs téléphones et ordinateurs ont été confisqués et leurs avocats ont été interdits de les contacter.

La police accuse les interpellés de « coordonner la publication présumée des résultats ». Mais pour la Coalition des citoyens pour le changement, le principal parti d'opposition, ces arrestations prouvent la volonté du parti présidentiel Zanu-PF « d'empêcher les observateurs de surveiller et de diffuser la vérité sur cette élection ». Plusieurs observateurs et médias internationaux n'ont pas été autorisés à rentrer dans le pays, ou ont été tout simplement expulsés.

« Il ne peut y avoir de signe plus clair de la profonde panique du parti au pouvoir », a déclaré Charles Kwaramba, un porte-parole de la CCC. Les deux organisations d'observation concernées rappellent que leur mission est reconnue par le code électoral du Zimbabwe et que le droit pour les citoyens d'observer un vote est reconnu par les Nations unies. Pour ce scrutin, plusieurs observateurs et médias internationaux n'ont pas été autorisés à rentrer dans le pays ou ont été tout simplement expulsés

« Sans précédent »

Lors des dernières élections générales de 2018, le président Emmerson Mnangagwa faisait déjà face à l'avocat Nelson Chamisa : l'actuel chef de l'État du Zimbabwe était passé de justesse.

Pour Sara Dorman, spécialiste de politique africaine à l'université d'Édimbourg, le « chaos » et la « confusion » de cette élection zimbabwéenne est « sans précédent ». Il est aussi « très clair » que les bureaux de vote manquant de bulletins « se trouvent tous dans des zones considérées comme des bastions de l'opposition », a-t-elle relevé.

Les États-Unis ont dénoncé ces arrestations. « La perquisition de la police contre (des représentants) de la société civile qui observent légitimement les élections atteste du manque de respect du gouvernement du Zimbabwe pour des élections libres et équitables », a écrit le porte-parole du département d'Etat, Matthew Miller, sur X (anciennement Twitter). « Nous sommes consternés de voir jusqu'où ils iront pour saper la crédibilité de leurs propres élections », a-t-il souligné, fustigeant la longueur de la procédure dont ils font l'objet.

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