Le gouvernement du Sénégal ne digère pas la sortie des intellectuels réclamant, entre autres, la libération d'Ousmane Sonko. Hier, jeudi 24 août, les avocats de l'Etat du Sénégal sont montés au créneau pour dénoncer ce qu'ils qualifient de « campagne de dénigrement de l'Etat du Sénégal ». Face à la presse, ils ont attaqué les signataires de la pétition.
La pétition des 142 intellectuels appelant à la libération d'Ousmane Sonko et à la préservation de la démocratie et de l'Etat de droit au Sénégal fait mal au gouvernement. Après le droit de réponse du ministre du Commerce, de la Consommation et des PME, Abdou Karim Fofana, porte-parole du gouvernement, c'est au tour des avocats de l'Etat du Sénégal de prendre la parole. Face à la presse hier, jeudi 24 août, ils ont attaqué les signataires de la pétition. « Le pool attire l'attention du groupuscule se définissant coalition des défenseurs des droits humains sur les dangers et le précédent grave que constitue ce type d'appel par lequel des individus qui se proclament intellectuels et défenseurs de l'Etat de droit et qui condamnent dans leur pétition la violence de ces règles fondamentales.
Ces manoeuvres et désinformation sont à dénoncer car elles encouragent l'immixtion du pouvoir exécutif dans les attributions légales du juge d'instruction et lui imposent une parodie de solutions judiciaires », a déclaré Me Ndéye Anta Mbaye. La robe noire de « rappeler que quelle que soit la légitimité d'un motif humanitaire ou sanitaire, le fait qu'une autorité fût-elle l'autorité suprême de l'Etat puisse demander à un procureur quel qu'il soit de mettre des personnes en liberté provisoire malgré la saisine du juge d'instruction est une catastrophe juridique, une aberration démocratique et une simple magouille politique ». Les conseils de l'Etat du Sénégal dénoncent donc ce qu'ils qualifient de « campagne internationale de dénigrement de l'Etat du Sénégal, de son système démocratique et de ses institutions par des individus qui se sont mis en marge de la légalité ».
Sonko et Branco au pilori
En effet, les avocats de l'Etat du Sénégal se sont également prononcés sur les affaires Ousmane Sonko et l'avocat franco-espagnol Me Juan Branco. A les en croire, ces derniers se sont toujours distingués par des « appels à l'insurrection ». Pour rappel, le maire de Ziguinchor Ousmane Sonko, inculpé sous huit chefs d'accusation dont l'appel à l'insurrection, est placé sous mandat de dépôt depuis le 31 juillet dernier. Quant à son avocat Me Juan Branco, il est inculpé pour « attentat, complot, diffusion de fausses nouvelles et actes et manoeuvres de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves » et est placé sous contrôle judiciaire, après son entrée clandestine au Sénégal.
Devant les journalistes, les avocats de l'Etat du Sénégal affirment qu'ils « contribueront sans complaisance à la manifestation de la vérité ». « Il s'agit concrètement de se focaliser sur les aspects juridiques et judiciaires, de fond et de forme à chaque fois qu'un point de droit sera dénaturé pour des raisons autres que la justice. L'Etat du Sénégal dans sa mission de préservation des intérêts publics et privés entend se défendre devant toutes les juridictions pour obtenir la réparation des dommages et préjudices découlant de ces infractions et permettre la défense de toute victime de ces exactions et actes terroristes », a indiqué Me Ndéye Anta Mbaye.