Tunisie: Politique-UGTT - Un géant en quête d'une identité

25 Août 2023

L'Union générale tunisienne du travail, véritable pilier de la vie sociale et politique en Tunisie, se trouve à un carrefour idéologique critique, exposée aux vents changeants de la politique.

Alité à l'hôpital militaire depuis quelques jours, le Secrétaire général de l'Union Générale Tunisienne du Travail, Noureddine Taboubi a cru nécessaire de publier mercredi 23 août, une vidéo depuis son lit d'hôpital, pour rassurer les sympathisants de l'Ugtt, et peut-être même les autres, sur son état de santé.

Dans son message, il remercie tous ceux qui se sont enquis de son état de santé ou ceux qui lui ont rendu visite. Taboubi annonce, dans la foulée, son imminent retour. « Bientôt au cours de la semaine je serai au congrès du syndicat général des municipalités. J'ai juste subi des examens on ne peut plus ordinaires », a-t-il ainsi déclaré se voulant rassurant.

Il est important de noter que cette apparition survient en réponse à certaines rumeurs faisant état de la dégradation de la santé du Secrétaire général de la centrale syndicale. Taboubi avait, avant son hospitalisation, décidé de transférer provisoirement ses pouvoirs à Farouk El Ayari, membre du bureau exécutif.

Faire taire les rumeurs

Sur les réseaux sociaux, certains ont laissé entendre que le Secrétaire général de l'Ugtt serait sur le départ et aurait même présenté sa démission. Mais malgré ces rumeurs, l'un des grands rivaux de Taboubi, le Secrétaire général de la Fédération générale de l'enseignement secondaire, Lassâad Yaakoubi a déclaré, que dans de telles circonstances, il ne peut que « souhaiter un prompt rétablissement au camarade Noureddine Taboubi », ajoutant qu'il ne fait pas « de commerce avec la maladie ».

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L'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), véritable pilier de la vie sociale et politique en Tunisie, se trouve à un carrefour idéologique critique, exposée aux vents changeants de la politique.

Depuis sa création en 1946, l'Ugtt a joué un rôle central dans la vie politique et sociale du pays. Le syndicat, à travers ses grèves et manifestations, a pris part au Mouvement national, au processus d'indépendance de la Tunisie en 1956, et à la chute du régime de Ben Ali en 2011. Cependant,, son rôle et ses orientations idéologiques ont toujours été sujets à des débats, voire à des agitations internes.

L'Ugtt est historiquement ancrée dans une tradition de syndicalisme progressiste. Les premières décennies de son existence ont notamment été marquées par une lutte acharnée pour défendre les droits des travailleurs, l'égalité des sexes et la justice sociale. Cette orientation a culminé avec le rôle central que l'Ugtt a joué dans la révolution de 2011.

L'Ugtt à la croisée des chemins

Cependant, depuis la révolution, l'Ugtt s'est retrouvée à la croisée des chemins. Les différentes orientations idéologiques au sein du syndicat ont émergé au grand jour, à la suite du changement politique de juillet 2021. Certains membres influents de l'Ugtt ont exprimé leur soutien au processus engagé par le Président Kaïs Saïed, considérant son action comme une réponse nécessaire à la crise politique qui secoue le pays. D'autres, en revanche, critiquent ce qu'ils perçoivent comme une prise de pouvoir unilatérale et ont appelé à la préservation de la démocratie et des institutions.

L'avenir de l'Ugtt reste incertain. Alors que le syndicat a traditionnellement été un acteur incontournable de la vie politique tunisienne, il est actuellement traversé par des divisions profondes sur des questions cruciales.

Depuis l'accession au pouvoir de Kais Saïed, les différends entre l'Union et le locataire de Carthage ne manquent pas. Dès 2020, l'Ugtt a souhaité préparer un dialogue national piloté par le Président, mais ce dernier s'était, à l'époque, montré réticent.

Mais même après le 25 juillet et les profondes mutations vécues par le pays, l'Ugtt a continué à dire, à qui veut bien l'entendre, qu'une initiative pour sortir de « la crise politique » est en cours de préparation avec d'autres organisations nationales, et qu'elle verrait le jour « au moment opportun ».

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