Lors de la cérémonie de lancement officiel des «Assises nationales des médias», les jeunes reporters ont exposé, sans réserve, les difficultés auxquelles font face les acteurs de l'information, tout en lançant un appel pressant aux autorités pour un soutien substantiel.
«Nous sommes souriants, joviales, nous transmettons la joie de vivre et l'information. Mais, pour la majorité d'entre nous, nous vivons dans une précarité totale. Et oui, les apparences sont souvent trompeuses. Notre professionnalisme et notre dignité ne nous permettent pas de nous plaindre en permanence. Mais nous ne récoltons pratiquement rien des graines que nous semons», se désole Absa Hane, porte-parole des professionnels des médias.
Elle souligne que dans certaines rédactions, les jeunes reporters sont soumis à des stages interminables et ne bénéficient ni de prime de transport, ni d'indemnités pour l'alimentation. Un salaire, n'en parlons même pas. «Et ceux d'entre nous qui perçoivent un salaire, sont sous payés par rapport aux immenses tâches que nous faisons quotidiennement», déplore-t-elle. Absa Hane a insisté sur la passion qui anime bon nombre de jeunes professionnels, malgré ces conditions difficiles. «Certains se disent certainement mais pourquoi ces jeunes acceptent de travailler dans pareilles conditions ? Pourquoi ne démissionnent-ils pas ? A notre décharge, nous sommes passionnés par notre métier. N'empêche, nous réclamons depuis plusieurs années l'amélioration de la condition des jeunes reporters, cameramen (et camerawomen) et techniciens des médias et le respect de la loi et des Conventions collectives. Mais, il nous manque des soutiens dans cette lutte», a-t-elle soutenu.
Les jeunes professionnels des médias aspirent à un changement radical dans le contenu journalistique également. Ainsi, un appel a été lancé aux patrons de presse et à l'État pour améliorer les conditions de travail et le soutien financier des jeunes reporters. «Il nous est souvent reproché de ne faire que des compte-rendu, des sujets aériens qui ne vont pas en profondeur, qui ne crèvent pas l'abcès. Nous sollicitons ainsi que les patrons de presse mettent des moyens de productions conséquents à notre disposition, afin que nous puissions faire des sujets un peu plus fouillés dans toutes les régions du Sénégal. Car, le pays dispose d'une diversité qui nous offre des sujets riches mais, malheureusement, inexplorés ou presque», a lancé le porte-parole des jeunes reporters.