Afrique de l'Est: La guerre et la faim pourraient « emporter » tout le Soudan, alerte l'ONU

25 Août 2023

La guerre et la faim risquent de « détruire » l'ensemble du Soudan, en proie depuis le 15 avril à de violents combats opposant l'armée à des paramilitaires, a averti un haut responsable de l'ONU vendredi dans un communiqué, mettant en garde contre une catastrophe régionale alors que la violence s'étend dans ce pays d'Afrique du Nord-Est.

Selon Martin Griffiths, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordinateur des secours d'urgence, la guerre au Soudan alimente une urgence humanitaire aux proportions épiques.

« Ce conflit qui s'étend - ainsi que la faim, les maladies et les déplacements de population qu'il entraîne - menace désormais d'emporter tout le pays », alerte ainsi M. Griffiths.

Il a exprimé vendredi son inquiétude face à la propagation de la violence au Soudan et au risque que fait peser un conflit durable sur l'ensemble de la région.

Risque de catastrophe humanitaire pour la région

« Un conflit viral et prolongé au Soudan pourrait faire basculer toute la région dans une catastrophe humanitaire », a-t-il dit dans un communiqué. Et plus les combats se prolongent, plus leur impact est dévastateur.

Dans certains endroits, il n'y a déjà plus de nourriture. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), des centaines de milliers d'enfants souffrent de malnutrition sévère et courent un risque imminent de mort s'ils ne sont pas soignés.

%

Sur le terrain, les combats intenses qui ont ravagé la capitale Khartoum et le Darfour depuis la mi-avril se sont étendus au Kordofan. À Kadugli, capitale du Kordofan méridional, les stocks de nourriture ont été entièrement épuisés, tandis que les affrontements et les barrages routiers empêchent les travailleurs humanitaires d'atteindre les personnes affamées.

Dans la capitale du Kordofan occidental, El Fula, les bureaux humanitaires ont été saccagés et les fournitures pillées. « Je suis également très inquiet pour la sécurité des civils dans l'État d'Al Jazira, alors que le conflit se rapproche du grenier à blé du Soudan », a détaillé le chef humanitaire de l'ONU.

Dans certaines zones, les maladies à transmission vectorielle se propagent et constituent un risque mortel, en particulier pour les personnes déjà affaiblies par la malnutrition. Des cas de rougeole, de paludisme, de coqueluche, de dengue et de diarrhée aqueuse aiguë sont signalés dans tout le pays.

Répondre à la crise avec l'urgence qu'elle mérite

La plupart des gens n'ont pas accès à un traitement médical. Le conflit a décimé le secteur des soins de santé, la plupart des hôpitaux étant hors service.

Des millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur du Soudan. Près d'un million d'autres ont fui au-delà de ses frontières. Alors que de plus en plus de réfugiés arrivent dans les pays voisins, les communautés d'accueil sont en difficulté.

L'ONU avertit qu'un conflit de longue durée entraînera presque certainement la perte d'une génération d'enfants, car des millions d'entre eux n'auront pas accès à l'éducation, subiront des traumatismes et porteront les cicatrices physiques et psychologiques de la guerre. « Les informations selon lesquelles certains enfants du Soudan sont utilisés dans les combats sont très inquiétantes », a alerté M. Griffiths.

Pour le chef d'OCHA, il est grand temps que tous ceux qui participent à ce conflit placent le peuple soudanais au-dessus de la recherche du pouvoir ou des ressources. Selon l'ONU, la communauté internationale doit répondre à cette crise avec l'urgence qu'elle mérite.

« L'humanité doit prévaloir. Les civils ont besoin d'une aide vitale dès maintenant. Les humanitaires ont besoin d'un accès et de fonds pour l'apporter », a fait valoir le Coordinateur des secours d'urgence de l'ONU.

53 attaques contre des structures de soins de santé

Après quatre mois de conflit au Soudan, l'insécurité et l'accès limité aux médicaments, aux fournitures médicales, à l'électricité et à l'eau continuent d'impacter sur la prestation des soins de santé dans les États directement touchés par le conflit, a pour sa part alerté l'Agence sanitaire mondiale de l'ONU. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les services de santé dans les États qui ne sont pas en proie à des combats actifs sont également touchés par la pénurie de fournitures.

Par ailleurs, l'OMS comptabilise entre le 15 avril et le 11 août, 53 attaques contre les soins de santé, qui ont fait 11 morts et 38 blessés.

« L'OMS condamne avec la plus grande fermeté la multiplication des attaques contre les soins de santé au Soudan et l'occupation des établissements de santé », a fustigé lors d'un point de presse à Genève, Tarik Jasarevic, porte-parole de l'agence onusienne basée à Genève.

Selon le comité préliminaire du syndicat des médecins soudanais, 67% (60 sur 89) des principaux hôpitaux des régions touchées, comme Khartoum, le Kordofan et le Darfour, étaient hors service au 31 mai. Les 29 hôpitaux qui fonctionnent entièrement ou partiellement (certains n'offrant que des services médicaux d'urgence) risquent de fermer en raison d'une pénurie de personnel médical, de fournitures, d'eau et d'électricité.

Des services essentiels interrompus dans de nombreuses régions

Selon l'OMS, des pannes d'électricité généralisées se poursuivent dans certaines zones, entraînant une pénurie d'électricité dans les hôpitaux et exposant les patients et les fournitures médicales périssables à un risque élevé. Des services essentiels ont été interrompus dans de nombreuses régions, notamment les soins de santé maternelle et infantile, la prise en charge de la malnutrition aiguë sévère et le traitement de maladies non transmissibles.

Les services de santé publique essentiels ont été perturbés, notamment la vaccination des enfants, la surveillance des maladies et la lutte contre les vecteurs.

Sur les 11 millions de personnes ayant besoin de services de santé humanitaires, environ 272.000 sont actuellement des femmes enceintes et 30.000 d'entre elles accoucheront au cours du prochain mois. L'OMS s'attend à ce que 6.000 nouveau-nés et 4.500 femmes enceintes connaissent des complications.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.