De la naissance à la mort, en passant par la circoncision, ou la succession au pouvoir, le ranomasina est un élément indispensable aux rituels. Ayant une forte sacralité, elle purifie ce qui est souillé, incarne la propreté.
La mer a une place importante dans la culture malgache. Elle est purificatrice. L'histoire de la Grande île en est liée étroitement, car les aïeux ont suivi les vagues pour y débarquer. « L'eau de mer est sacrée. Les ancêtres l'ont traversée pour venir ici,... je pense que c'est dû à la nostalgie », explique le sociologue Mahery Rehindrasoa. Jeria, un jeune homme de 26 ans, arrêté en février 2022, après avoir cambriolé une maison à Ambalavola Antsiranana, a fait une année de prison. Le 26 mai 2023, il sort de la maison de détention.
Sa famille l'attend de l'autre côté de la rue, accompagnée d'un chauffeur de tuk-tuk. Jeria les salue de la tête, il ne les embrasse pas, il entre dans le tuk-tuk qui se dirige à l'Est de la ville où la plage est calme. Le lieu est consacré au jôro, la prière de bénédiction. Sur place, Jeria porte un pagne et plonge dans la mer. « La prison, c'est là où demeurent les mauvais esprits. Donc, Jeria doit s'en débarrasser. C'est un rituel », a fait savoir sa soeur. La pandémie n'a pas épargné Billy, il a perdu trois membres de sa famille.
Le lendemain de l'enterrement, il se purifie en passant l'eau de mer sur sa tête et sur son corps. « Les décès se sont succédé, cela m'a énormément affecté. Alors, je me lave afin de pouvoir redémarrer... une nouvelle vie sans eux », a-t-il regretté. Nina, quant à elle, est enceinte de sept mois, sa mère l'accompagne. Elle traverse la plage, rince sa bouche et s'assoit lentement dans l'eau, « Je veux que cet enfant soit en bonne santé », murmure-t-elle. En somme, la coutume malgache reconnaît la puissance de cette vaste étendue d'eau salée.