Ile Maurice: Covid-19 - Aucune raison d'étendre la période de quarantaine

La période de quarantaine prend fin le 31 août, sauf si le ministère de la Santé décide de l'étendre pour encore quelques mois. Selon les spécialistes et les acteurs de la société civile, rien ne justifierait une nouvelle extension, raison pour laquelle ils lancent un appel au ministère de la Santé.

Les statistiques sont parlantes. Selon les derniers chiffres hebdomadaires émis par le ministère de la Santé le vendredi 18 août, le pays avait enregistré 22 cas de Covid-19 en une semaine. Il n'y avait aucune admission ni de patients nécessitant des soins supplémentaires. De plus, même les semaines précédentes présentaient une baisse dans les chiffres, avec très peu d'admissions. Par ailleurs, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait déclaré que le Covid-19 n'est plus une urgence sanitaire mondiale le 5 mai dernier.

«Il suffit de regarder autour de nous. La vie a repris son cours normal», avance le Dr Vasantrao Gujadhur, ancien directeur des services de santé. Il serait temps d'abolir la période de quarantaine et enlever les dernières restrictions vaccinales qui perdurent. «Et la première chose à faire est de rendre à l'hôpital ENT sa fonction première. L'établissement a été construit pour des soins spécifiques. Depuis sa conversion en hôpital pour Covid, ces soins sont dispersés à travers les hôpitaux régionaux, et il est difficile d'avoir les chirurgies de pointe, ce qui affecte les patients, surtout ceux qui n'ont pas les moyens de se soigner dans le privé», explique-t-il. Quant aux patients du Covid nécessitant des soins, des salles peuvent être aménagées dans les hôpitaux, vu que le nombre de patients admis tourne autour d'une dizaine par semaine.

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Pas de variants dangereux

Depuis quelque temps, un nouveau variant a retenu l'attention. Il s'agit d'Eris, qualifié par l'OMS comme variant d'intérêt. Peu après, il y a eu le BA.2.86, qui a eu la même appellation. Est-ce une raison suffisante pour étendre la période de quarantine? Absolument pas, affirme le Dr Gujadhur. Il est rejoint dans ses propos par le virologue Shameem Jaumdally. «Cette lignée présente les mêmes caractéristiques que tous les sous-variants d'Omicron. Il est plus transmissible, mais moins virulent», avance-t-il, précisant que la transmissibilité accrue est commune à tous les virus qui mutent. «Puis, il est rassurant de trouver que ce sous-variant a émergé en Chine, pendant le Festival du Printemps, lorsqu'il y avait de grands rassemblements et par la suite, s'est propagé dans les pays aux alentours. Il n'a pas dérogé à la règle», dit-il.

Shameem Jaumdally estime que le monde verra l'émergence de nouveaux sous-variants environ deux fois par an, et à chaque fois, les mêmes propriétés se répéteront. L'émergence des variants, dit-il, ne justifie pas l'extension de la période de quarantaine, d'autant plus que dans pratiquement tous les autres pays, il n'y a aucune restriction. «Sur le continent africain, par exemple, tous les chercheurs sont retournés dans leur domaine. Les recherches sur le SIDA, la tuberculose et les autres maladies ont repris.» Quant à l'immunité, une majeure partie de la population a été infectée ou vaccinée, ce qui fait qu'ils présentent une résistance au virus. Lorsque le virus mute, il devient moins détectable par le système immunitaire, mais comme la virulence diminue, cela ne poste pas de problème de santé majeure.

Ruqayah Khayrattee, Linda Lam et Sonia Leong Son, porte-parole du groupe No Covid Vax For Kids, abondent dans le même sens. Selon elles, non seulement il n'y a plus d'urgence, mais plusieurs personnes souffrent toujours des restrictions. Elles citent l'exemple d'un membre du personnel navigant d'Air Mauritius qui ne travaille pas depuis deux ans car il n'est pas vacciné, alors que la situation est retournée à la normale, ou encore, ces enseignants qui ont dû contracter des prêts pour pouvoir payer les tests PCR hebdomadaires. «Il est temps que cette discrimination cesse dans tous les domaines», lancent-elles d'une seule voix. D'ailleurs, le groupe était présent lors d'une manifestation syndicale devant le bâtiment d'Air Mauritius mercredi dernier pour demander de mettre un terme au «chantage des vaccins» et de rembourser les tests PCR que tous ceux qui ont refusé le vaccin ont dû faire depuis que la Quarantine Act est en vigueur.

Leçons

Cependant, lorsque la période de quarantaine sera levée, il ne faut pas que les autorités retombent dans l'inaction, prévient le Dr Gujadhur. Il avance qu'il faut tirer des leçons de cette pandémie, et que le pays est déjà en retard. «Cela fait un moment que la vie normale a repris son cours, mais on ne voit aucune mesure qui rendra le pays plus résilient face une nouvelle pandémie», déplore-t-il.

Tout d'abord, il préconise la mise en place d'une Negative Pressure Ward, une salle avec une pression moindre que la pression atmosphérique, ce qui empêche l'air de s'échapper. Elle serait utilisée pour les patients atteints de maladies hautement contagieuses et lorsqu'il n'y aura pas de risques, elle pourrait être convertie en unité de soins intensifs. «Mais il n'y a pas que la santé qui doit prendre des mesures. On a vu les problèmes à la chaîne lorsque le ministère de l'Education a tenté de basculer les cours en ligne. Il serait temps de mettre un système robuste et calculé en place pour ce mode d'enseignement», conseille-t-il.

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