Les jeunes développeurs de logiciels de Rubik's Digital contribuent à faire connaître l'Afrique par le biais du sport électronique et des jeux vidéo" - Anthony Okeyo

Il est huit heures du matin en Afrique de l'Est, et une réunion du conseil d'administration est en cours à quelques mètres de l'aéroport Wilson, à environ six kilomètres au sud-ouest du quartier central des affaires de Nairobi.

Anthony Okeyo, directeur général de la société de jeux sociaux Rubik's Digital, six membres du conseil d'administration et sept membres du personnel sont assis autour de la table. Ce sont tous des techniciens.

"C'est une réunion entre pairs", explique M. Okeyo, diplômé en ingénierie électrique et électronique de l'université de Nairobi. "Chez Rubik's, nous nous considérons comme des pionniers dans un nouveau domaine : l'e-sport.

Rubik's Digital a rapidement fait ses preuves en tant qu'innovateur dans le domaine des jeux, en encourageant les jeunes développeurs de logiciels à créer des contenus attrayants pour les sports électroniques.

"Essentiellement, nous concevons des jeux vidéo mobiles pour divertir, éduquer et informer notre public cible, en particulier les jeunes", explique M. Okeyo.

Connecter plus d'Africains grâce à la téléphonie mobile

Selon les rapports de l'industrie, environ 28 % de la population de l'Afrique subsaharienne est connectée à l'internet, dont 186 millions jouent à des jeux vidéo.

Avec 98 millions de nouveaux abonnés à l'internet mobile attendus d'ici 2025, la région représente un marché très prometteur pour l'industrie du jeu, en particulier en Éthiopie, au Ghana, au Kenya, au Nigeria et en Afrique du Sud.

Mais quel type de marché ?

Les jeux d'argent à grande échelle sans précédent dans tout le Kenya en 2019 ont fait réfléchir M. Okeyo. "Le gouvernement avait un problème avec les jeux d'argent", a-t-il pensé. "Les paris sportifs ou les jeux d'argent, comme certains les appellent, attiraient des milliers de jeunes qui consacraient tout leur temps et leur argent à cette activité."

Les Kényans étaient inquiets.

Dans une étude sur les jeux d'argent en ligne en Afrique subsaharienne, des chercheurs du Ghana, du Malawi et d'ailleurs ont constaté que les applications de jeux étaient souvent centrées sur les sports européens, les entreprises européennes fournissant la technologie et les Africains la promouvant localement.

"Il fallait qu'il y ait une alternative meilleure, plus sûre - un contre-récit", se souvient M. Okeyo en décrivant l'inspiration de Rubik's Digital.

Changer le récit

Dans le secteur des jeux, la différenciation est importante.

"D'après ce que j'ai vu et appris, les joueurs locaux apprécient le contenu local. Les gens aiment ce à quoi ils peuvent s'identifier, ce qui correspond à leur mode de vie", explique M. Okeyo. "Il est important de comprendre le contexte dans lequel vous créez une entreprise de jeux en ligne.

M. Okeyo considère la culture comme un atout important dans le développement du contenu. Ainsi, les innovateurs de Rubik's Digital développent des jeux vidéo inspirés de divers folklores africains. Ce faisant, ils contribuent à préserver la richesse du patrimoine et de l'histoire de ce peuple.

"De nombreux aspects de notre culture africaine sont en train de disparaître. Je considère les jeux en ligne comme un moyen de préserver la culture. C'est ce qui me motive", dit-il en plaisantant. "Cela a influencé le type de jeux que nous développons.

Il s'agit d'un créneau indispensable.

"Ce n'est que grâce à l'innovation et à la technologie que nous pouvons faire revivre des histoires africaines authentiques. Nos jeux vidéo permettent à des individus ou à des équipes de jouer pour le plaisir, ou de s'inscrire et de participer à des tournois primés", a-t-il déclaré lors d'une interview.

Réimaginer Ajua pour la nouvelle génération

De nombreux aspects de notre culture africaine sont en train de disparaître. Je considère les jeux en ligne comme un moyen de préserver la culture. Cela a influencé le type de jeux que nous développons.

Ajua, un jeu très populaire de Rubik's Digital, s'inscrit dans cette philosophie. Une équipe de jeunes innovateurs a transformé ce jeu de société traditionnel - populaire en Afrique de l'Est et en Afrique centrale - en une application mobile dynamique.

Dans le jeu Ajua, qui se joue avec des cailloux, deux adversaires se déplacent dans des trous peu profonds creusés dans une planche de bois.

Il n'y a pas si longtemps, ce jeu rassemblait les gens, des foules modestes se réunissant pour encourager les joueurs qui se lançaient des plaisanteries et des railleries. Au Kenya, l'Ajua était même un sport de compétition organisé en ligue.

C'était une tradition en voie de disparition. Mais grâce à l'innovation de Rubik's Digital en matière de jeux en ligne, elle pourrait trouver une nouvelle génération de fans en ligne.

En développant l'application Ajua, l'équipe de Rubik's était consciente de la diversité de l'Afrique de l'Est.

"Pour le Kenya, il s'agissait simplement d'Ajua", note Okeyo. "Pour la Tanzanie et la région côtière de l'Afrique de l'Est, nous avons créé Bao, et pour l'Ouganda, Omweso. Bien sûr, tout cela n'est qu'Ajua, mais l'idée est la pertinence du nom, à défaut d'autre chose.

Accéder aux marchés locaux

Ce n'est que grâce à l'innovation et à la technologie que nous pouvons faire revivre des histoires africaines authentiques. Nos jeux vidéo permettent à des individus ou à des équipes de jouer pour le plaisir, ou de s'inscrire et de participer à des tournois primés En ce qui concerne les efforts déployés par les sociétés occidentales de jeux vidéo pour pénétrer le marché africain, M. Okeyo déclare : "Il vaut mieux qu'elles proposent un contenu auquel les Africains s'identifient". Elles doivent étudier le marché.

Par exemple, le coût élevé des gadgets nécessaires pour jouer aux jeux vidéo a ralenti la croissance des sports électroniques en Afrique. Rubik's cible donc les personnes à faible revenu.

"Nous développons des applications qui peuvent fonctionner sur des téléphones Android bon marché et à faible capacité de stockage, ce que beaucoup de nos clients potentiels peuvent s'offrir", explique M. Okeyo.

L'entreprise a également créé la solide plateforme de distribution PlayOn Games, disponible pour les applications Android sur Google Play.

Rubik's Digital développe actuellement plusieurs concepts de jeux vidéo passionnants autour des légendes et du folklore africains de différentes régions du continent. Une fois achevés, ils offriront au public africain un répertoire de contenus e-sportifs attrayants, selon M. Okeyo.

Le Kenya a rejoint l'Égypte, la Tunisie, le Maroc et l'Afrique du Sud dans la ligue des sports électroniques du continent. En outre, le Kenya, le Nigeria et le Sénégal ont créé des fédérations de sports électroniques.

"Il y a une forte demande pour une part du gâteau. Je le vois bien", s'émerveille M. Okeyo. "J'encourage les jeunes à innover sur la scène mondiale et à créer ce qui est authentiquement africain.

C'est ainsi que les développeurs africains se retrouveront dans une ligue d'e-sports qui leur est propre.