Madagascar: Les Collines sacrées où résident les épouses royales

Tout autour d'Antananarivo, capitale historique de l'Imerina puis de Madagascar, une chaine de collines se découpe à l'horizon, visibles d'Analamanga, aujourd'hui Antananarivo. Chacune marque, dans les siècles qui précèdent sa conquête, le centre d'une toute petite puissance rivale justement de ce site.

Douze de ces collines conservent chez les Malgaches le nom de « Douze montagnes royales», en souvenir des petits États qu'elles ont constitué. L'ensemble est, par la suite, dénommé les « Douze collines sacrées » en hommage à ces royautés, parce qu'elles sont vénérées « comme étant une partie de la gloire et de l'honneur de la puissance hova ». Certains auteurs prétendent, pourtant, que leur nombre aurait été poussé jusqu'à douze pour arriver à ce chiffre qui, « dans les civilisations judaïques et orientales anciennes, correspondait à la plénitude, à l'achèvement, à l'intégrité » (Urbain-Faurec et Lavau, Revue de Madagascar, avril 1935). Le nombre douze est ainsi rituel. Car il y a plus de douze montagnes toutes royales en Imerina, comme on cite les douze épouses royales d'Andrianampoini-merina, alors qu'il a eu plus de douze femmes placées sur chaque colline, comme les douze rois de l'Imerina, les douze idoles du royaume...

Selon la tradition orale, cependant, c'est à douze que se comptent ces collines « également appelées pompeusement montagnes ». Ces Douze collines, des « institutions sacrées » créées par Andrianampoinimerina, constituent la trame de l'histoire politique de ce grand roi. « Du haut de chacune d'elles, la vue s'étend par-dessus les plaines et les rizières jusqu'à Antananarivo où la silhouette du Palais Manjakamiadana se détache ». Au Nord, se trouvent Ilafy, capitale du roi Andrianjafy, oncle maternel de Nampoina, la plus rapprochée d'Antananarivo.

C'est là que Jean Laborde forge son premier fusil, dès son arrivée, en association avec un autre Français appelé Droit, qui y exploite déjà, vers 1832, pour le compte de Ranavalona Ire, une entreprise industrielle. « Centre des alliances entre Ambohimanga, Antananarivo et Ambohidrabiby », Ilafy est en 1863, la première sépulture de Radama II, assassiné. Tout près, Namehana est rendue célèbre par une bataille, entre troupes merina et l'arrière-garde française, en 1895. À Ambohidrabiby, vers 1600, règne Ralambo qui laisse le souvenir d'un guerrier « à la fois redoutable et rusé ».

Il serait le premier à créer la hiérarchie des castes nobles des Andriana. C'est également lui qui donne à son royaume le nom d'Imerina, « plus précisément Imerina Ambaniandro, allusion au fait qu'il dominait le royaume et que seul le soleil était au-dessus de lui». Ambohimanga est, certainement, la plus connue de toutes les collines. C'est de là, que, vers la fin du XVIIIe siècle, Andrianampoini-merina s'élance à la conquête de tous les autres États merina. Au Nord-Ouest, il y a Ambohidratrimo, dont le roi Rabehety lui résiste longtemps, avant de laisser tomber son royaume aux mains des conquérants. Dans la même contrée, Ikaloy, perché à 1600m d'altitude, est le village natal d'Andrianampoinimerina.

« Ce sont les poids et mesures d'Ikaloy qu'il imposa dans tout le royaume.» Au Sud-Est, Alasora est le berceau de Rafohy et de sa fille Rangita. Il s'agit des premières reines vazimba connues, et c'est là que règne, vers 1540, leur fils et petit-fils, Andriamanelo. Tout près, Imerimanjaka est systématiquement rattaché à Alasora. Les deux sites sont invoqués du fait de ses deux reines qui forment la souche de la dynastie merina. Au Sud-Ouest, situé à proximité d'Ankadivoribe, se trouve le berceau des souverains Vazimba. Andrianampoinimerina n'y place aucune épouse, mais l'invoque également, « afin de se rattacher aux temps immémoriaux ».

C'est à Antsahadinta « qu'Andriamizao, ministre de l'Éducation nationale de Ranavalona II, découvrit la plus sage et la plus belle fille de l'Imerina. Il pria la reine de lui accorder sa main ». Ambohijoky, autrefois appelé Analamasina, se situe au sud d'Antsahadinta et d'Ambatolaza. Les anciens habitants, les Manisotra, s'opposent longtemps à Andrianampoinimerina. A la fin de cette guerre, le roi y met l'une de ses Douze épouses, la plus âgée, d'où le nom de la colline. Les historiens d'hier et d'aujourd'hui ne sont pas tous unanimes dans l'énumération des Douze collines sacrées et des douze épouses royales. « Analamanga, Ambohimanga et Antsahadinta sont toujours cités. Celles, fréquemment citées, sont Ambohidrapeto, Fenoarivo, Ambatoatany, Imerimandroso, Iharanandriana et Ambohibeloma. »

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