Madagascar: Hommage à André Ramaroson

En voyant l'image de la famille éplorée d'André Ramaroson sur son cercueil, j'ai pu mesurer la perte que représente sa disparition pour ses proches mais aussi pour le pays tout entier et le monde de l'industrie en particulier. J'ai décidé alors d'écrire ces quelques lignes, histoire de partager une période de ma vie où j'ai eu le privilège de croiser le chemin d'un des rares Malgaches qui ont transcendé leur époque. Je me souviens encore, comme si c'était hier, de ma première rencontre avec André Ramaroson, décédé la semaine dernière. C'était le 20 novembre 2007, lors de la journée mondiale de l'industrialisation en Afrique.

Alors qu'une cérémonie officielle était prévue pour célébrer l'événement, lui et sa société Savonnerie Tropicale avaient décidé de passer outre et d'organiser en parallèle un show lors d'une conférence de presse géante organisée dans leur local à Ankorondrano, éclipsant totalement la cérémonie officielle.

Le jeune journaliste que j'étais et je pense, toute la presse malgache en général, avaient alors découvert pour la première fois la verve, la combativité et le patriotisme de l'un des premiers capitaines d'industrie malgache, celui qui allait désormais incarner l'image de la résilience du tissus industriel local face à l'ogre mondialisation. Pendant plusieurs heures, il avait dressé sans langue de bois les maux dont souffrait toute l'industrie malgache. Depuis et ce, jusqu'à récemment, la conférence de presse de la Savonnerie Tropicale était devenue une tradition, le rendez-vous du 20 novembre.

%

Après 2011, alors que je m'attendais à le voir effondré suite à la mort tragique de sa fille Nadine Ramaroson, le voilà toujours debout et encore plus combatif que jamais. La guerre contre le savon sur la fameuse règle d'origine qu'il finira par remporter était sans doute une des plus grandes qu'il avait à mener. André Ramaroson, celui qui critiquait toujours l'immobilisme de l'État, était celui qui dérange et rares étaient à un moment ses apparitions aux côtés de ses pairs industriels.

Le PDG de Savonnerie Tropicale était celui qui disait tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. Il était celui qui militait pour l'avènement d'un Conseil économique et social parmi les Institutions de la République. Aujourd'hui, la société qu'il avait créée est sans doute le plus grand héritage qu'il a laissé à sa famille et au pays. Lorsqu'on parle de tissu industriel local, la Savonnerie Tropicale en est l'une sinon la figure emblématique. Reste à savoir si ses dignes héritiers vont également avoir sa combativité.

Car si André Ramaroson, est mort, l'avenir reste à écrire pour l'industrie malgache et il s'annonce radieux avec la récente signature d'un pacte de l'industrialisation avec l'État. J'espère qu'il a eu le temps d'apprécier cette grande avancée même si le plus dur reste à faire par sa concrétisation. Vous avez accompli votre chemin, monsieur Ramaroson. Reposez en paix.

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.