Au Sénégal, dans le village de Fass Boye, sur la côte atlantique, à 150 km au nord de Dakar, le vendredi 25 août, s'est tenue la première grande prière du vendredi, depuis que les jeunes migrants rescapés ont été rapatriés du Cap-Vert, mardi 22 août. Partis à bord d'une pirogue le 10 juillet, seuls 38 des 101 passagers ont été retrouvés vivants, sept corps ont été enterrés au Cap-Vert, le reste des passagers a disparu.
Au village, ce drame a traumatisé toute une population. En ce jour de grande prière, le prêche de l'imam résonne dans les rues du village de Fass Boye. Le chef religieux prie pour la mémoire des jeunes décédés en mer.
A la sortie de la mosquée, El Hadj Amadou Makhtar Diop est ému : « J'ai un frère qui était aussi dans la pirogue. Il est décédé. Je me sens mal. Je me sens mal. Mais nous sommes croyants, on prie et on demande à Dieu de les accueillir au paradis ». Après un bref passage dans leur village, les 37 rescapés ont été pris en charge dans différents hôpitaux pour soigner leurs blessures physiques et psychologiques.
« Il a bu l'eau de mer »
Ali Mbaye, pêcheur de 30 ans, a été interné dans une clinique privée de Mboro, à moins de 30 kilomètres d'ici, explique son père, Ahmed Diop Mbaye : « Mon fils est malade car la nourriture a manqué sur le bateau. Pendant plusieurs jours, il n'a pas mangé. Il avait soif et il a bu l'eau de la mer. Donc ses pieds et ses yeux ont gonflé, il a encore des problèmes. »
Cheiba Tall Hamdy est le porte-parole du chef du village, Madiop Boye, qui déconseille aux jeunes de partir clandestinement vers l'Europe malgré les difficultés. « La rareté du poisson, ne pas avoir de terrain, ne pas avoir de quoi fabriquer une maison.... C'est pour cela que les jeunes parlent d'essayer d'aller en Espagne pour l'avenir ». Selon l'Organisation internationale pour les migrations, au moins 126 migrants sont morts ou ont disparu entre les côtes africaines et les îles espagnoles, au premier semestre 2023.