Pour restaurer l'ordre constitutionnel au Niger, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) avait brandi la menace d'une intervention militaire. Mais quelques semaines après, l'option d'une intervention militaire paraît de moins en moins crédible.
Après avoir affiché une posture martiale au début de la crise, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) semble avoir mis en suspens sa décision première de chasser les putschistes du Niger par la force. Les dirigeants de l'organisation régionale tardent à mettre en exécution leur menace d'intervention militaire pour restaurer l'ordre constitutionnel au Niger, après le coup d'Etat qui a renversé le 26 juillet dernier Mohamed Bazoum. En effet, la Cedeao avait annoncé avoir ordonné le déploiement de sa « force en attente » et dans « les plus brefs délais ». Mieux, à l'issue de la réunion des chefs d'état-major des armées de la Cedeao le 18 dernier à Accra au Ghana, le commissaire aux Affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l'organisation régionale, Abdel-Fatau Musah, avait annoncé que la « force de la Cedeao est prête à intervenir dès que l'ordre sera donné». Non sans préciser que « le jour de l'intervention a aussi été fixé».
Cependant, malgré la menace d'une intervention militaire, la Cedeao avait annoncé qu'elle privilégiait toujours la voie du dialogue. D'ailleurs, l'option militaire a été rejetée par beaucoup de pays comme le Mali, le Burkina, l'Algérie, le Tchad, la Guinée et même l'Union africaine n'est pas favorable à cette voie. Et pour beaucoup, la guerre exacerberait la fragilité de la région déjà confrontée au terrorisme. Cependant, les positions de l'organisation régionale et les putschistes sont radicalement éloignés. Pour preuve, lundi dernier, la Cedeao a rejeté une proposition de la junte au pouvoir au Niger prévoyant une période de transition de trois ans pour rétablir la démocratie.
L'Algérie qui partage près de 1 000 km de frontière avec le Niger a envoyé mercredi son ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, en tournée au Nigeria, au Bénin et au Ghana, pour aider à trouver une sortie de crise, a annoncé la diplomatie algérienne. Ce, pour contribuer à une « solution politique qui épargnera à ce pays et à toute la région les répercussions d'une éventuelle escalade de la situation ». Face aux menaces de la Cedeao, la junte militaire au pouvoir se prépare à l'éventualité. Jeudi dernier, le nouveau gouvernement en place à Niamey a annoncé la signature d'ordonnances « autorisant les forces de défense et de sécurité du Burkina Faso et du Mali à intervenir en territoire nigérien en cas d'agression ». L'organisation régionale avait brandi la menace d'une intervention militaire au Niger une première fois le 30 juillet. Ce, après avoir lancé un ultimatum de sept jours aux militaires de Niamey pour rétablir le président Bazoum sans effet.