Afrique: BRICS - Acte 15

Les économies émergentes du moment, avec à leur tête le groupe des Brics : Brésil-Russie-Chine-Inde-Afrique du Sud, ont achevé, le 24 août à Johannesburg, les travaux de leur sommet, le quinzième du genre depuis le tout-premier tenu en 2009 à Iekaterinbourg, en Russie. En choisissant le thème « les Brics et l'Afrique », les cinq pays veulent attirer vers eux les nations du continent mais aussi bien d'autres à travers le monde dans le but de constituer un contrepoids à ce qu'ils appellent « la domination occidentale » dans les relations internationales.

La présence en Afrique du Sud de plusieurs dirigeants hors-Brics est un signe que le message d'émancipation porté dans le cadre de ce sommet et en plusieurs autres occasions est audible. En juillet dernier à Saint-Pétersbourg, l'ancienne présidente brésilienne Dlima Roussef qui dirige l'institution financière de l'organisation, la nouvelle banque de développement, avait profité de la tribune du forum Russie-Afrique pour inviter les participants à croire au projet fédérateur d'une entité respectueuse des intérêts de tous ses membres.

La question se pose désormais de savoir comment se déroulera la transition entre un monde hérité de la fin de la guerre froide, dominé par la suprématie américaine depuis trois décennies, et celui que tentent de forger les Brics à travers ces réunions au sommet. Se fera-t-elle au profit de la stabilité sur les cinq continents ou sera-t-elle la porte ouverte à une succession de conflits entre les pôles stratégiques en formation, avec d'un côté le Sud global déterminé à s'affranchir, et de l'autre l'Occident qui cherche à ce que la bourrasque annoncée ne le submerge pas ?

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A Johannesburg, le président brésilien Lula da Silva a annoncé que les Brics ambitionnent de traiter d'égal à égal avec les Etats-Unis et l'Union européenne ; le Russe Vladimir Poutine a dénoncé par visioconférence les sanctions « illégales » qui frappent son pays déclarant par ailleurs être convaincu de l'irréversibilité du processus de « dédollarisation » de l'économie mondiale ; le Chinois Xi Jinping a prôné l'élargissement des Brics ; l'Indien Narendra Modi a rappelé la devise « Une famille, un avenir » qui sous-tend le projet de construction des Brics comme « l'impératif de notre époque ».

Sans appeler à une confrontation par les moyens non pacifiques entre le Nord et le Sud, les Brics disent rechercher des solutions aux questions globales auxquelles l'humanité est confrontée. Ainsi a-t-on entendu les cinq leaders de l'association appeler de leurs voeux l'instauration d'un « ordre mondial plus inclusif », ou variablement un « ordre mondial multipolaire équitable » pour servir « la cause de la paix et du progrès ». Le développement des échanges dans les domaines commerciaux, scientifiques et politiques consacrerait à leurs yeux un environnement éloigné de l'héritage de la guerre froide que le conflit russo-ukrainien a remis au goût du jour.

D'après les études, en 2050, « les premières économies mondiales mesurées en PIB nominal seront la Chine, les Etats-Unis, l'Inde, le Brésil et la Russie ». On y voit une dominante des Brics dans cette liste où ne figure pas l'Union européenne. Si ces données s'avèrent fiables, elles expliquent en partie les tensions que l'on observe aujourd'hui entre les puissances les plus en vue. Dans une logique salutaire pour tous, il faut souhaiter que ces grandes économies de demain prennent fait et cause pour le dialogue constructif et sortent du repli sur soi préjudiciable à la survie de l'humanité. En seront-elles capables ? Il faut y croire et en même temps rester prudents.

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