Ile Maurice: Black Label & Stag Party / Frères Etwaroo - Les Dalton locaux ou victimes ?

Aujourd'hui, ils possèdent entre 60 000 et 70 000 poules, générant des revenus mensuels de plus de Rs 1 million

Les membres de la famille Etwaroo, jusqu'il y a peu citoyens lambda, se sont retrouvés sous le feu des projecteurs suite aux dénonciations concernant de présumés pots-de-vin distribués pour l'octroi du bail du terrain à Grand-Bassin.L'affaire, baptisée Cerfgate ou encore Black Label & Stag Party - puisque l'alcool y coulait apparemment à flots et qu'on y dégustait du cerf à toutes les sauces - met en cause, rappelons-le, le ministre de l'Agro-industrie Maneesh Gobin et le secrétaire parlementaire privé Rajendra Dhaliah.

La semaine dernière, deux des frères, Kiran et Ajay Etwaroo, ont été arrêtés pour culture de cannabis, tandis que Keegan Etwaroo serait recherché pour agression avec préméditation. Keegan, Kiran et Ajay Etwaroo sont-ils en train de recréer la légende des frères Dalton, version trio ? Sont-ils victimes de persécution comme ils l'affirment ? En tout cas, cette famille engagée dans l'élevage de poules - avec des revenus de plus de Rs 1 million par mois - réfute catégoriquement toute implication dans des activités illégales...

Les frères Etwaroo affirment ainsi qu'ils sont des boucs émissaires, sacrifiés pour sauver la peau des proches des dirigeants et des «dimounn importan» ? Keegan Etwaroo est catégorique sur le fait que sa famille est victime d'un complot. «Ils font tout pour m'accuser. Si tu ne donnes pas d'argent, tu n'obtiens pas de terrain de l'État. J'ai donné de l'argent pour le terrain seulement, mais ces personnes ont pris cet argent sans rien me donner en retour», martèle-t-il.

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«Wanted»

D'où viennent les millions ? De l'élevage de poules, confie Keegan Etwaroo, que leur père, Jaynarain Etwaroo, a démarré il y a plus de vingt ans. À l'époque, il s'occupait d'environ 3 000 gallinacés chez eux, à La Marie. «Mais c'est devenu un lieu résidentiel et nous ne pouvions plus continuer notre business ici. En 2002, nous avons contracté un emprunt auprès de la banque pour acheter le terrain où se trouve aujourd'hui notre poulaille», raconte Keegan Etwaroo. Aujourd'hui, ils possèdent entre 60 000 et 70 000 poulailler, générant des revenus mensuels de plus Rs 1 million... «Je n'ai pas besoin de conduire des activités illégales pour gagner de l'argent, ni de cultiver du cannabis pour générer des revenus...»

Comment Keegan Etwaroo s'est-il retrouvé impliqué dans ce scandale de pots-de-vin ? Ce terrain sis à GrandBassin, explique-t-il, était autrefois occupé par des amis de son père qui, à un moment donné, ne pouvait plus l'entretenir. «Ses camarades lui ont proposé d'être actionnaires et de prendre en charge le terrain, ce que nous avons simplement fait. On n'obtient pas de terrain de l'État sans reverser de l'argent. Ils m'avaient demandé Rs 3,5 millions. En vendant mon JCB et d'autres biens, j'ai pu remettre Rs 3,2 millions.

Les 300 000 roupies restantes, je ne les ai jamais données.» Sachant que c'était illégal, pourquoi a-til tout de même accepté de donner cet argent ? La réponse est simple pour Keegan Etwaroo.«Tous ceux qui veulent obtenir un terrain de l'État doivent procéder ainsi, il faut payer... Ce n'est pas un cas isolé. L'ICAC devrait enquêter en priorité sur ces personnes qui demandent de l'argent, plutôt que sur ceux qui dénoncent. Je n'ai fait que donner ma version des faits après que cette affaire a éclaté au grand jour. Pourtant, on essaie de me piéger...»

Ce n'est pas tout. Keegan Etwaroo est-il vraiment «wanted» par la police pour agression avec préméditation sur un policier ? «C'est encore une autre persécution», assure-t-il. Il maintient que les images de vidéosurveillance ne montrent aucune tentative de ce genre et que la police ne l'a toujours pas arrêté à ce jour. «Si elle avait des preuves contre moi, je serais déjà en prison. Ils nous persécutent, ma famille et moi. Ma mère est allée faire une déposition à l'ICAC pour dire que la police prétend que je veux la tuer, alors qu'ils cherchaient en fait à me faire payer un pot-de-vin», allègue-t-il par ailleurs. Culture de cannabis, agression avec préméditation ou autres activités illégales, les frères Etwaroo maintiennent qu'ils ne d'aucune manière impliqués dans tout cela.

Par ailleurs, Keegan Etwaroo indique son intention d'engager des poursuites contre l'avocat Ravi Rutnah, qui aurait, selon lui, tenu des propos diffamatoires visant à ternir sa réputation lors d'une conférence de presse sur la convocation de son client Rajendra Dhaliah à l'ICAC, pas plus tard que jeudi.

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