Congo-Kinshasa: L'état de siège entre la paix et l'insécurité permanente à l'Est

(Par Felly Fwamba Mubalamate, Coordonnateur National du Collectif des Cadres et Membres de l'UDPS/Tshisekedi)

Du 14 au 16 août dernier s'est tenue à Kinshasa, la Table Ronde d'évaluation de l'état de siège décrété par le Gouvernement depuis le mois de mai 2021. Par la convocation de ces journées de réflexion, le Président de la République a confié aux compatriotes la mission de produire toutes les idées bonnes devant concourir à l'amélioration de l'état de siège dans son application sur terrain. Autrement dit, ces journées de réflexion, en relevant toutes les faiblesses qui semblent l'essouffler ou mieux, les raisons supposées de son inefficacité afin de procéder à sa requalification.

Mais à la surprise générale, certains des participants à ces journées de réflexion se sont érigés en contradicteurs et farouches critiques de l'état de siège, faisant fi du contexte général actuel, celui ayant conduit à la décision de décréter l'état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri, et celui de l'organisation des élections générales qui pointent à l'horizon. Tout compte fait, l'état de siège ne pas désordre, mais plutôt ordre.

Parmi les participants à ces journées de réflexion, on a retrouvé tous les acteurs de la vie nationale : ministres, députés, sénateurs, activistes de la société civile, militaires (officiers) enseignants, entrepreneurs, commerçants. Mais, curieusement, tous n'ont pas été en mesure d'avoir une intelligence conséquente du mot « évaluation » et de ce qu'il impliquait.

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Car, contre tout bon sens, les participants à ces journées ont été très critiques à l'endroit de l'état de siège au point qu'ils n'ont laissé aucun espace à la requalification ni à la l'amélioration mais ont plutôt opté pour sa levée, sans aucune autre forme de procès, arguant, sans en donner la quintessence, que l'état de siège a échoué, et a créé une situation plus grave que celle qui prévalait avant son application.

Cette attitude des notabilités, entre guillemets, des provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu, font peser sur eux des sérieuses suspicions d'être parmi les tireurs des ficelles et bénéficiaires des atrocités et violences de toutes sortes qui écument l'Est de la RDC depuis plusieurs années.

Tant et si bien que pour les populations des provinces concernées, l'état de siège doit être maintenu jusqu'à la pacification totale de leurs milieux de vie. Aussi, estiment-ils qu'il faut doter les militaires des moyens nécessaires, et même temps, neutraliser les commanditaires des massacres qui se pavanent à Kinshasa sans aucun remord des victimes qui se comptent par millier.

Tant il est vrai que pendant le temps qu'a duré cet activisme terroriste, il s'est installé à l'Est du pays une économie de guerre qui a permis aux gens sans scrupule, sans foi ni loi, et aux affreux de s'enrichir aux prix des souffrances innommables des paisibles citoyens. Cette économie de guerre a su mettre en place des réseaux tentaculaires de contrebande, de fraude, des pillages, de crimes toutes sortes, dont les armes les plus utilisées sont les tueries et les viols d'une atrocité insoutenable.

Les pourfendeurs de l'état de siège sont soit commanditaires, soit bénéficiaires directs ou indirects de cette économie de guerre. D'où, l'attitude affichée par les Ministres Julien Paluku et Muhindo Nzangi est inacceptable, tant il est vrai que la décision de décréter l'état de siège dans le Nord-Kivu et l'Ituri a été discutée et délibérée en Conseil des ministres.

Aller à contrecourant de la position du gouvernement doit être considéré comme un acte de trahison de nature à compromettre le retour de la stabilité dans la partie orientale de la République. Par leur attitude, ces membres indignes du gouvernement central devraient tirer, en retour, les conséquences leur indélicatesse et de leur soutien à l'activisme terroriste qui a longtemps endeuillé l'Est et la République entière.

Ainsi, compte tenu de la montée en puissance des FARDC, il est évident que les institutions de la République ne commettraient pas l'erreur d'accorder une quelconque attention aux gesticulations des vendeurs de la mort et partisans de l'instabilité de l'Est du pays en acceptant de lever l'état de siège.

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