Nous avons voulu faire de ces jeux un événement sans précédent, nous avons voulu, nous, habitants de la plus grande île de cette partie de l'Océan Indien montrer que nous sommes capables d'être le leader de ces îles absentes de la scène internationale. Nous, avec notre jeunesse, nous allons montrer d'abord à nos îles voisines (soeurs) qu'avec les médailles que nous allons nous parer toute l'étendue de notre vigueur, puis au monde que notre fierté mérite respect à l'égard de tous.
Hélas, ce coup de « com » s'est retourné contre nous de par notre vantardise insulaire légendaire, ne sommes-nous pas la quatrième grande île du monde. Au contraire, il a fallu que dans l'événement grandiose tant souhaité que le regard de la planète toute entière révèle au grand jour « le misérabilisme » que nous vivons et ce que nous sommes.
Une faute grave impliquant la mort de 13 personnes a été le fait générateur du retournement de la médaille que nous voulions tant faire briller au monde. Une erreur d'appréciation des risques encourus pour un tel évènement nous a valu la publicité la plus négative qui soit. Evidemment, le monde des médias a mis à la Une, ces cadavres alignés devant le stade (le plus grand de la sous-région) pour ensuite enchaîner sur toute la misère du monde concentrée dans notre pays que nous avions voulu cacher aux yeux des autres. On a beau essayé de ravaler rapidement les façades honteuses dont nous nous sommes habitués, mais rien n'y fait, comme on dit. Les commentateurs semblent s'acharner sur tout : la pauvreté omniprésente, la corruption généralisée, le mépris des attitudes des nantis à l'égard des couches défavorisées, l'omnipotence des dirigeants vis-à-vis de la population. Tout est dévoilé sans vergogne.
Bref, toute la panoplie pour une visibilité la plus positive possible du pays concoctée par notre intelligentsia a été réduite à néant. Il faudra encore combien de temps pour réparer ce mal ?
Un commerçant aux alentours d'un centre d'hébergement des athlètes résume ainsi ces XIe Jeux des Iles de l'Océan Indien : « Les athlètes sont cloîtrés dans leurs hôtels, on a dit tellement de mal sur notre pays qu'ils ne tiennent pas à sortir de peur de se faire voler ou de se faire tuer, ces jeux ne nous apportent rien ! On ne les voit pas du tout ! »
« Pleure, ô mon pays bien-aimé » écrivait Alan Pâton.