Dans une communication faite en marge d'un panel, tenu le 5 août dernier, à Ross Béthio, Ameth Bâ, chercheur en socio-anthropologie, a porté un regard très critique sur la société d'aujourd'hui où se créent de nouvelles formes de sociabilité, de nouvelles familles virtuelles, laissant la place à une socialisation de rue. Celle-ci, d'après lui, a fini par faire de la jeunesse sénégalaise une génération du « volet », du « souss » et du « metti ». Chuchotements dans la salle !
Le jeune universitaire fait ainsi allusion à ce stupéfiant dit de « l'amour » visiblement très en vogue et qui donnerait à ses utilisateurs une envie sexuelle très intense. Mais, à travers cette sulfureuse expression, il a, sur un ton ironique et un lyrisme plein de pédagogie, mis l'accent sur les tares de cette jeunesse « ivre », « malade » et surtout prête à toutes sortes de folies pour prétendre croquer la vie à pleines dents.
Pour y arriver, certains n'ont plus jamais de limites : drogue, sexe, pari foot, prostitution déguisée. Bref, un cocktail explosif avec son lot de conséquences néfastes pour la société. La magie des réseaux sociaux aidant, des gamins, sans bonnes références ni repères, sont obnubilés par le gain facile. L'essentiel, à leurs yeux, c'est de se faire un nom et...des sous sans beaucoup d'efforts. Quand certains, à l'image de la brillante élève Yacine Fall de Ndande -qui n'a pas même de téléphone- résistent encore à cette vague de bévues, d'autres, très ignorants, déchirent la toile, rivalisant de nombre de clics et de followers. C'est le Sénégal dans tous ses éclats !
Dans ce magnifique pays de fiction, où l'on ose scénariser une fausse grossesse et un légendaire kidnapping, des jeunes qui se disent conscients n'hésitent même plus à débourser jusqu'à 600 000 FCfa pour, excusez-moi, se faire embarquer dans des pirogues de fortune afin de rallier l'imaginaire « eldorado » européen pour, enfin, périr dans le grand cimetière bleu. Ils oublient donc qu'avec des sommes deux fois moins importantes, de vaillants « goorgorlu » ont réussi à s'en sortir sans pour autant connaître les « merveilles » de Barcelone. Malheureusement, les rêves des espoirs de demain continuent de s'échouer en haute mer, sur le Net et dans les lieux de débauche parce que beaucoup de parents ont démissionné et les gouvernants sont visiblement dépassés.