Tunisie: Abdelmohsen Al Dhahban, réalisateur saoudien à La Presse - «Mon pays vit une aventure cinématographique extraordinaire !»

28 Août 2023

Abdelmohsen Al Dhahban représente la jeune et première génération de cinéastes saoudiens. En 2019, son premier long métrage «The last visit» a créé l'évènement, puisqu'il fut le premier film arabe à être sélectionné pour la compétition «East of the West» de Karlovy Vary, un prestigieux festival de cinéma en République tchèque avant d'obtenir le prix du jury à Marrakech. Mais les débuts de Abdelmohsen Al Dhahban remontent à 2006 lorsqu'il a réalisé des courts métrages et puis un feuilleton «42 jours» (en 2016) qui a marqué le paysage audiovisuel du Royaume, établissant ainsi sa maîtrise de l'écriture et de la réalisation. Al Dhahban aspire à créer des films qui remettent en question les conventions et offrent de nouvelles perspectives. Il adopte des techniques de narration innovantes, des visuels captivants et des récits immersifs. Comme pour son premier film, il a choisi des techniciens tunisiens pour le tournage mais aussi pour la postproduction. Il revient en Tunisie pour la finition de son second long métrage «Holes» avec «Inside production» . Nous l'avons rencontré.

Comment êtes-vous venu dans le monde du cinéma et pourquoi vous avez choisi la Tunisie pour post-produire vos films ?

J'ai commencé en 2006 en réalisant des courts-métrages avec beaucoup de passion et du «low budget». Il s'agissait, à l'époque, pour nous d'apprendre à nous exprimer par l'image après une longue période de consommation de films étrangers. La nature de mon travail de journaliste, qui me rapprochait des réalisateurs et des producteurs, m'a beaucoup aidé à faire du cinéma. Ensuite, j'ai découvert que ce qui me passionnait ensuite c'était plus la «fabrication» des films et pas seulement l'écriture.

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En 2016, j'ai réalisé un feuilleton télévisé qui m'a permis de comprendre l'univers de cette fabrication. Quand j'ai réalisé mon premier long-métrage «La dernière visite», j'ai rencontré des noms tunisiens importants dans le processus de fabrication d'un film comme le DOP Amine Messadi et l'ingénieur du son Moncef Taleb qui se sont associés à des noms saoudiens comme Abderrahmane Khouj et le producteur Mohamed el Hamoud pour la mise au monde de ce film. Après, nous avons commencé la postproduction qui était pour moi une découverte et qui a été assurée par des Tunisiens en Tunisie. Le professionnalisme de haut niveau des Tunisiens m'a conduit à renouveler l'expérience pour mon deuxième film «The hole», notamment Amine Messadi, Lotfi Kammoun, Bassem Marzouk, Karim Gmira, Yazid Chebbi, Karim Toukabri et Achref Lamouchi.

En Arabie saoudite, il y a une grande consommation de films américains. Maintenant que votre pays va faire du cinéma est-ce qu'il va le faire de la même facture ou comptez-vous créer votre propre identité cinématographique ?

Oui, il y a le cinéma américain, le cinéma égyptien et le cinéma asiatique et arabe dans nos salles.

Mais il y a une grande influence du cinéma hollywoodien. Cela dit, les jeunes cinéastes saoudiens veulent se découvrir dans leur réalité quotidienne, ils ne veulent pas copier le cinéma hollywoodien. Les débuts vont être difficiles mais je peux vous affirmer que mon pays est en train de vivre une aventure cinématographique extraordinaire. En plus, le royaume a une identité très forte et une richesse historique et artistique d'une grande valeur et c'est une source de création et d'inspiration énorme. A mon sens, le cinéma ne doit pas être isolé de tout ce fonds culturel et civilisationnel de notre pays.

C'est facile de passer de la culture de l'écrit et de la poésie surtout à celle de l'écriture cinématographique ?

En effet, la poésie est chez nous un moyen d'expression artistique mais aussi populaire, c'est ce qui a fait sa pérennité d'ailleurs. Mais la poésie peut aussi interférer avec le cinéma puisqu'elle produit des images et c'est aussi une écriture. Nous avons également d'autres sources, comme la narration romanesque, ce qu'on appelle aussi le «Selfa», qui signifie le récit réel et les «sabhounet» qui sont plutôt des récits fantastiques ou mythiques avec de vrais auteurs saoudiens.

Pensez-vous que le public saoudien va s'attacher au cinéma saoudien et envahir les guichets? Il n'y a pas de risque de tomber dans le cinéma d'auteur la plupart du temps rébarbatif ?

Je pense qu'il s'agit de construire un rapport de confiance entre le cinéma saoudien et son public et tout ce que j'espère, c'est que nous pouvons créer le même rapport que notre public a établi avec les autres genres de cinéma. Nous avons par exemple des comédies qui ont réussi en Arabie saoudite. J'espère que notre cinéma va créer avec son public un rapport de confiance quel que soit le genre cinématographique.

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