Sénégal: Exploitation des ressources minières - Des populations orphelines de leur sous-sol

Proportionnellement à l'exploitation du potentiel minier du sous-sol Sénégalais riche en or, en fer, en phosphate, en calcaire, en zircon, les populations n'en tirent réellement pas profit des ressources extractives.

Dans les zones respectives d'exploitation de ces ressources, les habitants ne semblent voir que de la poussière. Dans le Sud Est du Pays, notamment à Kédougou, la production industrielle d'or s'est établie à 16,2 tonnes en 2021, en hausse de 24 % en glissement annuel, selon le comité local de l'Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (Itie) dans son rapport annuel pour l'exercice 2021.

L'Itie renseigne que cette hausse de la production a impacté de 25 % en glissement annuel des revenus miniers constatée l'année dernière. Ils ont atteint 203,01 milliards FCFA (329 millions $ environ), grâce notamment aux deux compagnies actives dans l'exploitation industrielle de l'or. Elles ont en effet augmenté à 25 milliards FCFA (40,5 millions $) les redevances versées à l'Etat l'année dernière, contre 17,84 milliards FCFA en 2020.

Selon le document, c'est environ 90 % de la production industrielle d'or qui a été exportée vers deux pays, à savoir la Suisse pour l'or produit à Sabodala-Massawa par le canadien Endeavour Mining (381 943 onces), et l'Australie pour la production de la mine d'or Mako opérée l'australien Resolute Mining (128 393 onces). Les exportations totales d'or montent donc à 510 336 onces en 2021, contre 397 200 l'année précédente.

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En revanche l'ITIE n'a pas fourni de données pour la production artisanale, précisant seulement qu'une partie de l'or produit au Sénégal a été exporté vers les Emirats arabes unis. Dubaï, la première ville de cet Etat du Moyen-Orient, est d'ailleurs considérée comme l'un des plus grands centres mondiaux de négoce du métal jaune et une partie de la production nationale des Etats africains s'y retrouve sans toujours emprunter des canaux officiels.

Les phosphates, une ressource exploitée à grande échelle

Pour ce qui est des phosphates, le Sénégal est un des grands producteurs mondiaux. Cette exploitation abusive s'est traduite par un épuisement progressif des gisements, qui a stimulé les activités de recherche. C'est ainsi que d'importants gisements ont été découverts dans le département de Tivaouane (gisement de Piré Goureye) dont les ressources sont estimées à 19 millions de tonnes. Et une part importante de ces phosphates extraits au Sénégal est valorisée sur place. Ils sont transformés en acide phosphorique et en engrais solides et sont ensuite en grande partie exportés, notamment vers l'Inde.

Les exportations de phosphates marchands ont progressé de 80 % en 2014 et les perspectives de débouchés de la filière apparaissent bonnes grâce à la croissance de la demande mondiale en engrais. L'exploitation des gisements à travers le pays dont les réserves sont évaluées entre 500 millions et 1 milliard de tonnes place le Sénégal dans les dix premiers pays producteurs de phosphates au niveau mondial. Fort de ce potentiel, le Sénégal a été un des principaux producteurs de phosphate dans le monde, avec l'exploitation des grands gisements de phosphates de chaux de Taïba, dans la région de Thiès.

En vérité, le sous-sol sénégalais regorge en outre d'une grande variété de richesses minérales : fer, or, cuivre, tourbe, cuivre, chrome, phosphates d'alumine, argiles céramiques et industrielles (attapulgite), pierres ornementales (marbre, granite etc.), sables lourds (ilménite, zircon, rutile), sables extra siliceux (sable de verrerie), terres à diatomées, sel gemme. Seulement, en dépit de l'exploitation de toutes ces richesses, le Sénégal peine encore à s'inscrire réellement dans le club des pays émergents. Pis, la gestion de toutes ces ressources est souvent en porte-à-faux avec les attentes des populations locales qui ont du mal à se retrouver dans l'exploitation de leur sous-sol.

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