Tunisie: Association de sauvegarde du patrimoine de la presqu'île de Zarzis - Réalisme ou utopie ?

29 Août 2023

De par son emplacement géographique, la presqu'île de Zarzis constitue un carrefour de civilisations. Elle le doit à son passé riche d'un patrimoine pittoresque.

En effet, bien avant et pendant le Protectorat, des explorateurs, chercheurs et historiens français pour la plupart étaient intéressés par la richesse qualitative du patrimoine de cette ville. On peut citer Louis-Antoine Debreuil, Henri Barth, Harry Myriam, E. Pelissiers et plusieurs autres officiers français ainsi que feu Abdelmajid Dhouib et Dr Salem Labiadh.

Leurs articles ont paru dans « Revue tunisienne» et « Notices sur les Akkaras», « Zarzis et ses environs», « Histoire de la presqu'île de Zarzis», « Ne touche pas à mon village»...

Les thèmes évoqués étaient riches et témoignent de la prospérité de cette ville, située au Sud- Est et au prolongement Nord- Est de la plaine de Jeffara.

Un passé riche

Pour ne pas perdre de vue ce passé assez riche, l'Association de sauvegarde du patrimoine de Zarzis créée le 18 mai 2015, dont l'objectif est de faire renaître le patrimoine des Akkaras de ses cendres, de lui accorder l'intérêt qu'il mérite et de sauver ce qui reste à sauver, a fini par voir le jour.

C'est la raison pour laquelle M. Noureddine Dhouib, ingénieur de formation, passionné par le patrimoine de sa ville natale et à la fois angoissé par l'état actuel de certains monuments, a été invité pour présenter un exposé assez intéressant et nostalgique intitulé « Réalisme ou utopie»? Dans son intervention, le conférencier a commencé par présenter un passage assez court sur les forteresses qui existaient auparavant comme Zita, dit Henchir Zian, Henchir El Kalakh, Borj El Kantara à l'entrée de la chaussée romaine avant 1952, le Site de la grotte de Ksar Zaouia ou huilerie souterraine, Borj El-biban pour surveiller le lac et les voies maritimes des marchands de sel.

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Devenus ruines dans leur totalité, à l'heure actuelle, les dégâts qu'ils avaient subi suite à des décisions hâtives et irresponsables prises par les membres des conseils municipaux, composés de personnes reconnues essentiellement pour leur activité militante, selon le conférencier. Ajouter à cela que la décision du conseil municipal le 27 février 1957 fut autour de la destruction des cinq ksours attribués aux cinq principales tribus : Ksar Ouled Mhemmed, Ksar Ô. Saïd, K. Zaouia, Ksar Mouensa et Ksar Chelba. Ils renfermaient des dizaines de ghorfas qui servaient d'habitations, d'ateliers d'artisans, lieux de stockage d'aliments ou pour le bétail. Ces ksours ont été démolis parce que des animaux venimeux se cachaient dedans, prétendaient les conseillers municipaux à l'époque, d'après ce qui a été rapporté.

Reconstruction du Borj Elhissar

Construit pendant le règne du souverain housseïnite Aly Bey (1759/1782), cet ouvrage à vocation militaire destiné à protéger la tribu des Akkaras de l'invasion de la tribu libyenne des Nouaïels. Qualifié de «petit château avec quelques garnisons» par le consul de France à Sousse, il a été évacué de ses soldats tunisiens et remis à l'armée française en 1883 pour servir de télégraphe reliant Zarzis et Jerba par câble sous-marin, juste après l'instauration du Protectorat.

Après deux siècles d'existence, ce Borj subit le même sort et disparut sous l'action des dynamites. Zarzis perdit ainsi son nom de « ville du Borj». Et M. Dhouib d'insister, «si la reconstruction des ksours paraît impossible puisque leur espace original et initial n'existe plus, ce n'est peut-être pas le cas pour le Borj ».

En effet, vu l'authenticité historique de l'ouvrage, la récupération de son espace qui ne pose pas de contrainte foncière, l'abondance de documentation technique et iconographique de l'ouvrage, ce projet a beaucoup d'importance pour l'association de sauvegarde du patrimoine qui tient à solliciter l'aide de la municipalité de la place, les autorités régionales , les ministères de la Culture et du Tourisme et pourquoi pas chercher des financements étrangers par le biais de parrainage comme « fondement Agha Khan» ou «Rambourg». « Sachant qu'une première demande adressée aux autorités locales a été approuvée par le conseil municipal », nous dit-on.

Toujours irrité mais sans perdre espoir, M. Dhouib a fini par dire qu'avec enthousiasme et détermination, ce projet pourrait voir le jour pour le bien de la ville et de tout le pays.

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