Afrique de l'Ouest: Le Sénégal et son football

Après chaque élimination des clubs sénégalais au tour préliminaire des coupes de la CAF, la sempiternelle question sur le développement du football local refait surface. Certains en profitent pour tirer à boulets rouges sur tout le monde. La Fédération sénégalaise de football est la première institution à recevoir les coups. Ensuite, c'est l'Etat du Sénégal qui est accusé de tous les péchés d'Israël. Quant aux présidents de clubs, ils sont toujours «clean». Blancs comme neige! L'enfer, c'est toujours les autres. Mais, faisons un petit «benchmarking» pour voir si le développement d'un championnat national donne forcément un résultat en sélection.

Prenons le cas de la Premier League. L'Angleterre a le championnat le plus attractif au monde. Il est le plus riche, le plus difficile, le plus suivi. Quid alors des «Three Lions» ? Un seul trophée. Il remonte en... 1966. D'aucuns soutiennent d'ailleurs que cette fameuse finale a été truquée. Les soupçons persistent toujours.

L'Espagne dispose des clubs légendaires (Real et Barca), d'un championnat digne de ce nom. Ils ont vampirisé la coupe aux grandes oreilles et les joueurs qui y évoluent, caporalisent presque les trophées individuels (Ballon d'Or, The Best).

Pourtant, la Roja a dû attendre le Mondial africain pour toucher le graal, en 2010. Nous pouvons continuer à citer des exemples.

A contrario, le Brésil, l'Argentine, avec des championnats moins côtés, trônent sur le toit du monde.

En Afrique, le Cameroun pèse cinq trophées en CAN. Et pourtant, depuis les années 80, on ne parle plus de Tonnerre ou encore de Canon de Yaoundé. Ces clubs ne grondent plus.

Le Maroc dispose de tout, en termes d'infrastructures et de logistique. Absolument tout. Mais le royaume chérifien n'a inscrit son nom au palmarès de la CAF qu'une seule fois. C'était en... 1976. Presque une éternité. Quid de l'Algérie ? Que dire la Tunisie ? Seul l'Egypte constitue une exception qui confirme la règle.

L'Afrique du Sud, n'en parlons même pas. Orlando Pires, Mamelodi Sundowns, Kaizer Chiefs, sont des noms ronflants. Mais les BAFANA BAFANA ont disparu des radars depuis 1996.

Au Sénégal, nous avons connu des symphonies inachevées. De 1965 à 2021, en passant 1968, 1986, 1990, 2002, 2006, 2017, 2019, on pouvait logiquement prétendre à un titre de champion d'Afrique. Hélas !

Mais en 365 jours, nous avons réalisé une MANITA qui restera à jamais graver dans les mémoires. Nous l'avons fait grâce à la combinaison de plusieurs facteurs.

D'abord, la rançon de la stabilité (Fédération, Ministère, Encadrement technique).

Deuxièmement, l'investissement dans les infrastructures. Troisièmement l'accompagnement d'un État, qui a mis énormément d'argent, surtout en sélection A. Quatrièmement, des centres de formation.

On semble oublier que notre dernière qualification a une phase finale de CAN U-17 remontée en 1995.

Ensuite nous avons organisé une CAN U-20 à domicile en 2015. Nous avons enchainé par une brillante qualification en 2017, en sortant les ogres tels la Tunisie et le Ghana.

Depuis, notre pays répond présent. Non seulement en Afrique mais aussi au niveau Mondial.

Chez nos techniciens, le Sénégal est en passe de devenir l'Allemagne de l'Afrique. Amara TRAORE, Demba Mbaye, Aliou Cissé, Cheikh Gueye, Omar DAF, Lamine NDiaye, Mbaye Leye, Sadio Demba, etc. La liste est loin d'être exhaustive. Personnellement, je les cite avec fierté.

Alors, on peut bien bomber le torse, si l'on veut. Toutefois, essayons de remédier à la gangrène. La tare du football sénégalais, c'est que le club vit de la vente des joueurs. Qu'on le veuille ou pas, on produit pour vendre. On ne peut se permettre de les retenir, d'ailleurs, parce qu'ils sont tous des cas sociaux, des soutiens de famille.

Le sponsoring n'existe pratiquement pas. Les droits télé restent des chimères. La billetterie a presque disparu, avec les derbys. Les collectivités locales cherchent elles-mêmes la queue du diable pour la tirer.

Le seul recours, c'est le partenariat avec des clubs étrangers et son lot de dangers, à cause l'opacité qui entoure ce modèle. Sans occulter l'absence totale de contrôle. Sinon, c'est le mécénat qui n'est pas une politique viable. Un club ne peut pas exister à travers seulement la poche de son président.

En attendant le «GRAND PLAN MARSHALL» attendu du Chef de l'Etat, essayons des modèles plus ou moins viables. Feu Oumar Seck avait jeté les bases d'une Jeanne d'arc respectée et respectable. Sauf que le club, version ASC, ne donne pas des coudées franches à son président, pour atteindre le but recherché.

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