Les pays de l'UE font de leur mieux dans leur politique du pire.
Le Maroc figure au Top 10 des nationalités ayant les taux de refus les plus élevés des visas Schengen par habitant en 2022. Il fait partie des pays qui ferment la marche aux côtés du Qatar et de l'Arménie avec 200 et 350 candidats rejetés. Selon le site SchengenVisaInfo.com, un Marocain sur quatre a reçu une réponse négative à sa demande soit 119.346 personnes en 2022. Cela signifie que 45,7% de la population s'est vu refuser un visa et que les refus pour 100.000 personnes ont atteint 315.
Des taux élevés
La même source ajoute que 325 demandes ont été rejetées concernant 100.000 ressortissants qatariens, soit 8.837 demandes de visa refusées, ce qui représente 11% de la population totale. En d'autres termes, un demandeur de visa sur neuf en provenance du Qatar s'est vu refuser l'octroi du visa l'année dernière.
Concernant l'Arménie, ledit site révèle que 283 personnes ont essuyé un refus de visa sur 100.000 habitants, soit une population de 12,7% en 2022. Cela signifie qu'une personne sur huit en Arménie a été déboutée - l'un des taux les plus élevés de cette liste, précise SchengenVisaInfo.com.
En outre, le Cap-Vert demeure le pays avec le plus grand nombre de refus de demandes de visa Schengen en 2022, avec 844 refus enregistrés pour 100.000 personnes, tandis que le nombre total de demandes déposées par ces ressortissants a atteint 17.572.
SchengenVisaInfo.com rapporte que 5.055 demandes de visa effectuées par des Capverdiens ont été refusées en 2022, ce qui représente 28,7 % de toutes les demandes déposées. Cela signifie qu'une personne sur trois dans ce pays a vu sa demande de visa rejetée en 2022.
Le Kosovo et le Suriname arrivent en deuxième et en troisième places avec le plus grand nombre de demandes de visa refusées par habitant, avec respectivement 722 et 548 refus pour 100.000 habitants. Cela signifie qu'un Kosovar sur neuf et un Surinamais sur cinq ont reçu une réponse négative concernant leur demande. C'est-à-dire que 11,2% de la population du Kosovo s'est vu refuser un visa, soit 13.674 demandes, contre 20,1% pour les ressortissants surinamais, soit un total de 3.416 demandes.
En outre, les Émirats arabes unis ont enregistré 442 refus pour 100.000 habitants, Cela veut dire que 22,4% de la population s'est vu refuser un visa. En d'autres termes, une personne sur quatre a reçu un refus quant à sa demande. Au total, 42.105 demandes déposées par les Émiratis ont été rejetées en 2022.
Les Algériens, les Tunisiens et les Libanais figurent respectivement en 5ème, 6ème et 7ème places. Au total, 393 demandes de visa ont été rejetées pour 100.000 habitants en Algérie, contre 392 pour les demandeurs tunisiens et 340 pour les Libanais.
En général, 45% de la population algérienne s'est vu refuser un visa en 2022, contre 29% de la population tunisienne et 18,3% de celle libanaise, ces deux dernières nationalités comptant respectivement 48.909 et 18.232 demandes rejetées. Le nombre de demandes refusées est particulièrement élevé pour les citoyens algériens, qui ont reçu 179.409 réponses négatives.
Par conséquent, les Algériens ont enregistré les dépenses les plus élevées, avec 31,93 millions d'euros dépensés et sont la nationalité ayant le plus grand nombre de demandes refusées pour 2022.
Le tout-sécuritaire
Comment peut-on expliquer cette situation? Peut-on parler d'une intensification de la pression européenne sur le Maroc et les autres pays du Maghreb? Pour l'académicien et chercheur en migration Abdelkrim Belguendouz, il faut faire la différence entre la politique exercée en matière d'octroi de visa par certains Etats membres de l'UE, notamment la France, et celle pratiquée par certains pays et qui reste plus ou moins souple. Tel est le cas des Pays-Bas qui ont donné la priorité aux visas pour des raisons familiales ou humaines.
« Mais, globalement, nous constatons que l'UE a mis la pression ces dernières années et elle continue. Rappelons le fait qu'il y a trois ou quatre ans, l'UE a changé le code des visas en décidant que ceux-ci seront accordés aux pays qui collaborent d'avantage, particulièrement en matière de réadmission. En d'autres termes, l'UE utilise encore le visa comme moyen de pression », nous a-t-il expliqué. Et d'ajouter : «Il s'agit d'une politique globale, multidimensionnelle, en utilisant tous les instruments politiques dont elle dispose et tous les moyens (aide, commerce, bourses, etc.). Tout cela, elle l'utilise dans un même paquet».
Notre interlocuteur soutient que la pression exercée via l'octroi des visas rime parfaitement avec la politique de l'Union européenne pratiquée au niveau des routes migratoires, comme en témoignent plusieurs plans d'action mis en place, dans le cadre des négociations et du dialogue politique bilatéral avec certains pays.
Tel est le cas de l'accord signé dernièrement avec la Tunisie, qui vise essentiellement le renforcement de la politique d'externalisation de l'UE en empêchant tout départ de la Tunisie vers l'Europe, en réadmettant les sans- papiers tunisiens envoyés par l'Europe et en rapatriant les migrants irréguliers d'autres nationalités, essentiellement les subsahariens, vers leurs pays d'origine. « Le hic, c'est que les européennes ambitionnent d'élargir cet accord à d'autres pays comme le Maroc et l'Egypte, entre autres.
Bref, on est toujours dans le tout-sécuritaire et rien n'augure d'un changement de cap dans la politique européenne de migration », a-t-il conclu.