L'ancien siège des Services municipaux d'El Jadida, bâti dans les années du Protectorat se trouve depuis quelques années en décrépitude progressive.
Bâtiment urbanistique et architectural remarquable dont s'enorgueillissait la ville, il se trouve à l'abandon alors qu'il est rare de trouver un édifice semblable parmi le parc administratif actuel local. Voyant qu'il ne bénéficie d'aucune rénovation à ce jour, le public s'attend à sa lente mais inéluctable disparition.
En admirant cette ancienne photo de la façade sobre du bâtiment, on peut noter qu'il s'agit d'un immeuble rectiligne, fonctionnel, sans fioritures, mais possédant de larges ouvertures en bas et en haut. On constate aussi (comme le remarque R.M doctorante en architecture) que le bâtiment est composé de trois parties dont l'entrée principale, à l'époque, était ouverte sur toute sa largeur. Les reliefs horizontaux, appelés corniches, qui sont des éléments ornementaux marquent également la délimitation des niveaux du bâtiment vu de l'extérieur.
La dernière partie du mur, au dessus de la corniche supérieure, est un garde-corps, utilisé pour la protection quand la terrasse est accessible. L'acrotère, petit relief au dessus du garde-corps, est là pour protéger le mur de la pluie.
Un ancien habitant de la cité souligne que les escaliers ont une disposition particulière facilitant la prise de photos de groupe notamment lors des cérémonies officielles ou privées.
En tant que bâtiment historique et bien situé en centre-ville, il pourrait être réhabilité et utilisé, par exemple, comme Centre d'archives et de documentation sur la ville d'El Jadida mis à la disposition des chercheurs, des journalistes et autres visiteurs. Ce Centre aurait une double fonction : abriter les archives municipales au rez-de-chaussée et, au niveau supérieur, assurer une fonction de documentation sur la ville et ses environs immédiats. L'existence d'une grande salle en haut serait propice à rendre ce service en la dotant de chaises et de tables pour recevoir des publics différents.
La partie archives municipales doit englober les fonds des services communaux depuis les débuts du XXème siècle. Quant au volet documentaire il pourrait rassembler les écrits sur la ville sous forme de livres, de journaux, plans et photos. Le Centre recevrait les dons de particuliers (familles, écrivains, chercheurs) ainsi que le soutien des établissements universitaires.
À notre avis, la création d'une telle structure peut être réalisée dans le cadre du jumelage de la ville d'El Jadida avec la ville française de Sète. En effet, la ville de Sète dispose d'une riche expérience dans ce domaine qui revêt de plus en plus d'importance notamment concernant la conservation de la mémoire collective et l'écriture de l'histoire. Le service des archives sétois conserve le fonds constitué des documents issus de l'administration communale depuis sa création à la fin du XVIIème siècle ainsi que les registres paroissiaux et le Cadastre. Il est ouvert au public sur simple présentation d'une pièce d'identité.
Pour rappel, la section locale de l'Union des Ecrivains du Maroc avait proposé, déjà en 2001, un projet de partenariat entre la section de l'UEM et la Commune urbaine d'El Jadida pour la création d'une Unité Documentaire. Un courrier a été adressé en son temps à la commune mais est resté lettre morte. Une telle unité, indispensable pour l'avenir de la ville, pourrait aujourd'hui trouver bonne place dans le bâtiment des anciens services municipaux.