Mali: Tensions entre Bamako et les ex-rebelles de la CMA - Eviter à tout prix une reprise des hostilités

Les relations entre Bamako et la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) se dégradent, jour après jour, au point que d'aucuns redoutent une reprise des hostilités sur le terrain. En attestent les faits suivants :

En décembre 2022, les ex-rebelles annonçaient, à la surprise générale, qu'ils suspendaient leur participation à l'accord de paix d'Alger, accusant Bamako de faire dans le dilatoire pour gagner en temps.

En avril 2023, les indépendantistes du Nord haussaient le ton, estimant qu'il n'y avait « aucun moyen de construire un avenir commun avec Bamako » à qui ils reprochaient de traîner les pieds dans la mise en œuvre de l'accord, notamment l'intégration d'ex-rebelles dans l'armée nationale malienne.

Le 4 août 2023, l'ex-rébellion touarègue accusait les Forces armées maliennes (FAMa) et leurs supplétifs du groupe Wagner d'avoir attaqué l'une de ses bases à Ber, tuant deux personnes.

Le 10 août 2023, les représentants de la CMA, estimant qu'ils ne sont plus en sécurité à Bamako, ont plié bagage.

Les 28 et 29 août derniers, l'armée malienne est de nouveau accusée d'avoir bombardé les positions des ex-rebelles et ce, au moment même où les autorités de la transition appellent au dialogue en vue d'un retour de la paix au Mali. S'achemine-t-on petit à petit vers la remise en cause de l'accord d'Alger qui, signé en 2015, avait permis de taire le crépitement des armes au Mali ?

Tout porte à le croire ; tant tous les ingrédients semblent réunis. Pourtant, les Maliens ont tellement souffert le martyre qu'ils n'aspirent qu'à la paix et à la sécurité.

Il y a lieu que la médiation internationale se mette en branle en vue de ramener la confiance entre Bamako et les ex-rebelles

La priorité des priorités reste la lutte contre les groupes armés terroristes qui contrôlent une bonne partie du territoire quand ils n'ont pas mis sous coupe réglée, des villes entières. C'est le cas de Tombouctou qui est sous blocus depuis quelques semaines et dont les habitants appellent en vain Bamako au secours.

En tout cas, ce sera une grave erreur si les autorités maliennes, en plus de la lutte contre le terrorisme dont les résultats se font toujours attendre et cela, plus de trois ans après leur arrivée au pouvoir, se paient le luxe d'ouvrir un nouveau front en déclarant la guerre à la CMA. Car, cela pourrait faire l'affaire de groupes armés terroristes qui, sans doute, en profiteront pour prendre le contrôle de nouvelles localités.

Il ne faut surtout pas que, forte de la puissance de feu dont elle dispose, Bamako pense pouvoir venir à bout des ex-rebelles touaregs en si peu de temps. Certes, la voilure de ces derniers, avec le temps qui s'est écoulé, a été quelque peu réduite mais il n'empêche qu'ils disposent toujours d'une capacité de nuisance insoupçonnée.

Ne dit-on d'ailleurs pas que l'on sait quand débute une guerre mais pas quand elle prendra fin ? A preuve, le président russe, Vladmir Poutine, s'était juré de placer l'Ukraine sous son giron en moins d'une semaine. La suite, on la connaît. La guerre s'est enlisée avec toutes les conséquences qui en découlent.

C'est pourquoi et pour revenir au cas du Mali, il y a lieu que la médiation internationale se mette en branle en vue de ramener le plus rapidement possible la confiance entre Bamako et les ex-rebelles.

Il y va de l'intérêt supérieur du Mali et de la sous-région.

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