Madagascar: Antsahadinta, Un musée en plein air

Moins connu qu'Ambohimanga, Antsahadinta, qui représente le type classique de l'ancien village de l'Imerina, est cependant fort intéressant en raison de ses pittoresques constructions en bois de type ancien, ses vieux tombeaux, son magnifique tour d'horizon, ses alentours boisés et son passé historique qui mérite d'être connu» (Misa Rakotohariseheno).

Situé à 20 km au sud d'Antananarivo, Antsahadinta est, autrefois, recouverte d'une forêt qui subsiste encore, qui était infestée de sangsues d'où son nom. Ce Rova (enceinte royale) renferme des vestiges du XVIIIe siècle qui lui valent la qualification de « véritable musée en plein air », comme le signale l'auteur.

Ce patrimoine comprend les tombeaux des souverains successifs, des cases en bois, des arbres royaux séculaires comme les « amontana » et les « aviavy », des fossés de fortification, des pierres levées, le lieu de sacrifice de zébu et, bien sûr « la forêt où l'on peut encore admirer quelques essences rares ».

D'après des historiens, il semble que l'occupation du site soit récente. En effet, les alentours ne révèlent aucun endroit investi par les Vazimba. Le roi le plus ancien dont se souvient la tradition orale, est Andriamangarira qui s'établit à Antsahadinta, vers 1725.

Il est l'un des petits-fils du roi Andriamasinavalona, et le demi-frère d'Andriambelomasina, roi d'Ambohimanga et d'Andriamohara, roi d'Alasora. C'est ce roi qui fait construire les fortifications du Rova en creusant sept « hadivory » (fossés).

La cité a, alors, deux portes, depuis disparues, fermées par des disques de pierre comme la tradition le veut. La première au nord est appelée Betsitohaina, l'autre au sud, est Tsiafadahiantitra. Un passage secret permet, à l'époque, de sortir sans passer par ces deux portes principales.

Selon la tradition orale, ce roi est très exigeant, de même son fils, Andriambolamena, qui décrète que l'offrande du « vodihena », partie réservée aux seigneurs, lors des sacrifices de zébus, s'étend jusqu'aux poulets. « Ce qui entraina une révolte des sujets et sa chute. » Lorsqu'Andrianampoinimerina, dans sa politique d'unification de l'Imerina, prend le pouvoir et règne à Antananarivo, Antsahadinta devient l'une des Douze collines sacrée de l'Imerina, vers 1794.

Il y installe Rabodozafimanjaka, fille d'Andriantsiramanjaka, prince d'Alasora. D'après les Tantara ny Andriana eto Madagascar, Andriantsira reconnait, dans le secret, la suzeraineté d'Andrianampoinimerina et ce, derrière le dos d'Andrianavalonjafy, roi d'Alasora et son oncle.

Il délègue, en cachette, cinq émissaires qui négocient sa soumission auprès du grand monarque, en proposant une ruse de guerre pour que ce dernier puisse triompher de son oncle. Le stratagème réussit.

C'est ainsi qu'Andriantsira obtient les faveurs du roi vainqueur et a comme récompense le fief d'Antsahadinta et l'honneur d'être son beau-père. Mais il devait, toutefois, résider à Mahazo, au nord d'Ankatso. Car comme il a trahi son oncle, le roi n'a pas confiance en lui, même si cette trahison s'est faite en sa faveur. C'est pourquoi, raconte-t-on, Rabodo pleure devant le roi pour lui réclamer son père auprès d'elle : « C'est un homme qui se soumettra, laisse-le vivre près de moi à Antsahadinta. »

Le souverain accepte, mais précise : « Dès qu'il sera près de toi, je vous partagerai le riz et les saonjo : le tiers sera pour lui et les deux-tiers pour toi. » Le frère de Rabodo, Ratsimisotry, prend également place à Antsahadinta. Rabodo et son père sont tous deux « andriambaventy», magistrats responsables de toutes les contrées avoisinantes, après avoir pacifié la région. Ils construisent le Rova ou Palais royal qui se trouve au centre même d'Antsahadinta. « C'est un vaste quadrilatère de 500m², composé des tombes royales, des maisons d'habitation et du kianja, grande place où l'on prononce les discours et les édits royaux. »

Il y a également un marché permanent dans l'enceinte même du Rova. Au nord de ce kianja , se trouvent les tombes, alignées suivant un ordre d'ainesse, de préséance et de hiérarchie. Elles sont toutes surmontées de « tranomasina ».

C'est un emblème royal, privilège de quelques groupes de princes de très haute lignée. Le tombeau du premier roi, Andriamangarira, est situé à l'entrée du Rova, bâti sur un rocher. A la suite de luttes intestines entre Rabodo et ses frères, le fief est morcelé. Soupçonnée de complot contre son époux de roi, elle est soumise à l'épreuve du tanguin, violent poison qui fait office d'ordalie.

Elle en meurt. Inhumée d'abord à Ivandry, ses restes sont transférés à Antsahadinta, sous Radama II (1861-1863). Quant à son père, il décède sous Ranavalona Ire qui, ayant peur de la puissance d'Antsahadinta, décrète que « sa sépulture sera à Alasora ».

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