L'épidémie de Sida est en nette croissance dans la région Atsinanana. La maladie tue en silence des habitants de l'Est.
Disparition d'une jeune travailleuse du sexe, dans la ville de Toamasina, en ce mois d'août. Elle a succombé au Sida dans un hôpital de Toamasina, à l'âge de 27 ans, la semaine dernière, selon les récits de son cousin. « Elle a été hospitalisée le jeudi 17 août.
Cinq jours après son admission, elle est décédée », raconte cet homme qui s'est occupé d'elle pendant ses derniers jours. Ses proches ignoraient qu'elle était sidéenne, jusqu'à son admission à l'hôpital. « Elle a perdu beaucoup de poids en très peu de temps. Elle pesait 52 kilos auparavant, et son poids a chuté à 35 kilos. Elle saignait beaucoup », tels sont les principaux symptômes de sa maladie, rapportés par son cousin.
Elle n'est pas la seule jeune à mourir du Sida dans la région Atsinanana, cette année. « Deux de mes patients, âgés d'une trentaine d'années, sont décédés il y a quelques mois », rapporte un médecin référent dans cette région. Des travailleurs du sexe, et même des personnes qui n'exercent pas ce métier, en meurent.
« Le système immunitaire devient inefficace lorsqu'on est séropositif et qu'on ne suit pas les traitements. Et des maladies graves vont se développer, pouvant entraîner ensuite la mort », explique ce spécialiste de la prise en charge des malades atteints du VIH/Sida.
Situation alarmante
Le Sida est en forte croissance à l'Est, notamment dans la ville de Toamasina. Un laborantin d'un hôpital public de cette ville portuaire affirme que chaque fois qu'il est de garde, c'est-à-dire tous les quatre jours, il a, au moins, un résultat positif parmi les tests de dépistage du VIH/Sida effectués.
Un médecin de Mahanoro témoigne que la plupart de leurs patients séropositifs ont fait des séjours à Toamasina ou ont travaillé à Toamasina, dont des femmes de ménage. Beaucoup de porteurs du virus ne connaissent pas leur statut sérologique.
Très peu d'habitants de cette ville portuaire effectuent un test de dépistage. « Seuls les malades et les marins, qui doivent effectuer des tests systématiques, passent le test », notent des médecins. Nous avons demandé des informations sur l'évolution de cette maladie dans cette ville, sans résultat. Aucun professionnel de santé ne peut parler avec des journalistes sans le feu vert du ministère de la Santé publique, nous dit-on. La situation est pourtant alarmante.
Toamasina est une zone rouge en matière de contamination au VIH/ Sida, comme toutes les grandes villes et les carrefours, avec une forte circulation de personnes qui favorise la propagation du virus.
Il faut renforcer la sensibilisation pour changer le comportement si on veut éliminer cette maladie. Ce qu'il y a, en ce moment, c'est que les financements en matière de lutte contre le VIH/Sida ont fortement diminué, et même la sensibilisation n'existe plus », alertent des médecins.