Madagascar: Les insurgés du Nord-Ouest face aux troupes coloniales

Comme raconté dans de précédentes Notes, la « rébellion du Nord-Ouest » éclate d'abord dans le Sambirano. Le chef de bataillon Lamolle, commandant du Cercle d'Analalava propose au général en chef Gallieni de retirer aux rois et reines antankarana et sakalava du Nord-Ouest de l'ile, leurs autorités établies, de les remplacer par des fonctionnaires émanant des peuples pour assurer leurs fonctions administratives.

Lors de son passage à Nosy Be le 8 juillet 1898, « Gallieni avait déjà en tête ces propositions, mais il hésitait à les appliquer dans l'immédiat », précise Cassam Aly Ndandahizara, dans son ouvrage « Ambalavelona ou l'insurrection anticoloniale dans le Nord-Ouest de Madagascar en 1898 ». Par la suite, l'insurrection gagne le Nord de la province d'Analalava, surtout l'Ankaizina qui participe entièrement au mouvement.

De là, son but évident est de progresser vers le Sud de cette province. Cette nouvelle situation oblige Gallieni à envoyer de nouvelles troupes, par mer, à Analalava, sous les ordres du commandant Mondon, et par le Sud, sous les ordres du commandant Lamolle. Ces mesures ont pour but de mettre une solide barrière à toute nouvelle progression vers le Sud, sur la ligne Antsohihy, Befandriana, Mandritsara, et de combiner les efforts de toutes les troupes « pour circonscrire la rébellion et l'anéantir par une marche en avant ». Les opérations militaires se font, donc, au début en trois groupes, au Nord commandé par Laverdure, à l'Ouest par Mondon, et au Sud par Lamolle.

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« S'ils sont isolés les uns des autres et séparés par de grands espaces, leur marche vers un objectif commun les rapprochera chaque jour et les amènera à une jonction générale qui permettra au général en chef d'assurer l'unité d'action en donnant le commandement à un seul chef », indique l'auteur de l'étude. Pour rappel, le 26 octobre 1898, le poste de milice de Marotolana est attaqué par une bande d'insurgés.

Le combat dure toute la nuit et les assaillants sont repoussés. Le garde Ettori, en présence du nombre grossissant des rebelles, détruit son poste et cherche à regagner la côte. Dans cette marche, il est attaqué et perd la vie dans l'affaire ainsi que plusieurs de ses miliciens. Les rebelles se dirigent ensuite sur Ambalavelona, siège du centre administratif de la Grande-Terre et poste de milice.

« Ambala-velona était la plus importante agglomération du Bas-Sambirano, car Ambanja n'était encore formée que de quelques cases éparpillées sur une longue distance. » Le commis Frontin et deux Européens, qui se trouvent avec lui, sont massacrés et le poste tombe au pouvoir de l'insurrection. Le mouvement se généralise dans le Bas-Sambirano où les colons, qui ne peuvent s'échapper à temps, sont tués. Les établissements des colons et leurs plantations sont, en outre, complètement détruits.

Dès que les nouvelles de ces troubles parviennent à Nosy Be, des mesures immédiates sont prises pour porter secours aux Européens et tenter de rétablir l'ordre. Le «Fabert» met à terre sa compagnie de débarquement, divisée en deux groupes. « L'un devait punir tout désordre à Nosy Be, et l'autre fut dirigé sur la Grande-Terre, à Ambalavelona. » Le croiseur se rend ensuite à Mahajanga pour informer Antananarivo.

Entretemps, l'administrateur Chauvot se dirige, avec quelques miliciens, à Marotolana pour tenter de secourir le garde Ettori, dont il ne retrouve aucune trace. Dès qu'il a connaissance de ce mouvement, le général Gallieni forme aussitôt à Mahajanga une compagnie de marche sénégalaise, sous le commandement du capitaine Laverdure, et ordonne « son prompt transport sur la Grande-Terre».

La partie de la province de Nosy Be située sur la Grande-Terre est alors érigée en Cercle annexe, dont le commandement est donné à Laverdure qui a ainsi « tous les pouvoirs pour accomplir sa mission de rétablir l'ordre et de localiser le mouvement ». Embarqué à Mahajanga, le 2 novembre 1898, sur le « Pourvoyeur», le détachement de Laverdure, composé de trois officiers, cinq sous-officiers, cent quarante-quatre Sénégalais et quarante-deux miliciens, débarque à Ankifiny le lendemain. L'opération se termine à 16 heures.

A minuit, le commandant du groupe dirige une section sur Ambalavelona, pour relever les marins du « Fabert » qui regagnent leur bord le lendemain dans la soirée. De leur côté, Chauvot et le roi Tsiaraso rejoignent Ankifiny avec les marins. Laverdure reçoit la visite du roi Tsiaraso qui lui fournit les porteurs demandés, « mais qui ne lui donna aucun renseignement». C'est donc à tâtons que l'officier s'engage le lendemain dans le pays.

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