Madagascar: Élection présidentielle - Huit candidats contre la candidature d'Andry Rajoelina

En 24 heures, la dynamique électorale a pris une autre tournure. L'opposition tente le tout pour le tout afin d'empêcher l'actuel chef de l'Etat à se présenter à la prochaine course à Iavoloha.

Durant quelques semaines, du côté d'Andraharo et d'Ambohimanambola, les réunions se sont succédé. Chefs de partis, candidats déclarés à la prochaine élection présidentielle et autres forces politiques se sont accordés à trouver le moyen d'empêcher la candidature d'Andry Rajoelina. Hier, le projet s'est dévoilé au grand jour. Huit candidats ont indiqué d'un commun accord, à travers un communiqué, que conformément à la loi en vigueur, l'actuel chef de l'Etat ne peut plus se présenter à ladite élection. Selon eux, en plus du non-respect de la loi, le fait qu'un chef de l'Etat malgache possède une nationalité étrangère constitue une tromperie envers la population.

Complices

Marc Ravalomanana, Hery Rajaonarimampianina, Andry Raobelina, Auguste Paraina, Hajo Andrianainarivelo, Tahina Razafinjoelina, Masy Goulamaly et Siteny Randrianasoloniaiko ne comptent pas attendre la décision du Tribunal de première instance d'Anosy ou d'Antsirabe ou encore la publication de la liste officielle des candidats par la Haute Cour Constitutionnelle (HCC). « Le code de nationalité malgache étant clair, le Président actuel ne peut plus se présenter aux élections présidentielles », avance le communiqué. En effet, outre les manoeuvres électorales, ils s'inquiètent sur les dérives que pourraient représenter cette candidature d'Andry Rajoelina. « La possession de cette nationalité étrangère empêche de remplir la responsabilité requise par la constitution pour garantir la souveraineté et les intérêts du pays », continuent-ils. Ils appellent ainsi les responsables concernés, civils et militaires, à prendre leur responsabilité et à ne pas être complices d'un éventuel non-respect des lois en vigueur. Ils appellent également la population à se lever et à défendre la souveraineté nationale.

Long processus

En tout cas, la machine est en marche. L'objectif est que Rajoelina ne sera plus à la tête du pays au mois de janvier 2024. « Nous ne voulons pas d'un président qui a une autre nationalité que malgache », devient le slogan de ceux qui trouvent en cette nationalité d'Andry Rajoelina le meilleur moyen de l'écarter du pouvoir. « Tout ce que nous voulons c'est le respect de l'Etat de droit », martèle-t-on du côté de l'opposition. L'article 42 de l'ordonnance n° 60 - 064 du 22 juillet 1960 portant Code de la nationalité malgache qui dispose que « Perd la nationalité malgache, le Malgache majeur qui acquiert volontairement une nationalité étrangère » devient le favori de tous ceux qui sont las du régime Rajoelina. Et, le communiqué d'hier n'est que le début d'un long processus qui n'a qu'un seul objectif, la disqualification du Président au 13 Velirano. D'après les informations, d'autres candidats déclarés rejoindront ce « collectif » dans les jours à venir.

Lâcheté politique

Les réactions ne se font pas tarder. Très vite les partisans du régime ont pris la défense d'Andry Rajoelina. Pour eux, cette déclaration ne s'agit que d'une « lâcheté politique ». « Ils n'osent pas affronter le président Andry Rajoelina », ont-ils soutenu tout en précisant que le chef de l'Etat est Malgache, il est né d'un père et d'une mère malgache. A l'allure où vont les choses, force est d'admettre que dans les jours voire les semaines à venir les « pompiers du régime » devraient faire les nécessaires pour protéger leur poulain. Ils croient fort à l'article 45 de l'ordonnance n°60-064 qui dispose que « Perd la nationalité malgache, le Malgache, même mineur, qui, ayant une nationalité étrangère, est autorisé, sur sa demande, par le Gouvernement malgache, à perdre la qualité de Malgache. Cette autorisation est accordée par décret », pour éteindre le feu. D'autant plus que ce 9 septembre, date de la démission d'Andry Rajoelina selon le délai constitutionnel, s'il se porte, contre vents et marées, candidat à sa propre succession, la diaspora va organiser un rassemblement sur la Place de la République à Paris.

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