Dans certains quartiers de Rufisque, la saison des pluies suscite angoisse et peine pour les populations. Entre inaccessibilité et inondations, les habitants de certains quartiers, surtout dans la zone d'extension dite Rufisque 2, vivent un calvaire quotidien.
Les quelques millimètres de pluie tombés depuis le début de l'hivernage ont réveillé la douleur des Rufisquois, en particulier ceux qui habitent les nouveaux quartiers dans les zones d'extension de Rufisque 2, (Cité Tacko, Cité Serigne Mansour, Cité enseignant.) dans la commune de Rufisque Ouest et dans les anciens quartiers d'habitats spontanés de Rufisque Nord comme Diorga Cherif, Darou Rahmane.
Dans ces quartiers et dans d'autres comme à Arafat, les populations vivent le calvaire avec des difficultés énormes de mobilité. En l'absence de routes goudronnées et de système d'assainissement, ces quartiers deviennent, le temps de l'hivernage, inaccessibles.
Dans la plupart des cas, les véhicules de transport communément appelés « clando » refusent systématiquement de s'y rendre ou alors il faut payer trois fois le prix pour trouver un taximan qui accepte de s'aventurer dans ces quartiers où les routes sont transformées en lacs ou en gadoue et où les voitures qui s'y aventurent risquent l'embourbement ou encore de voir le moteur et organes noyés par les eaux.
« Moi j'habite cité Tacko, j'ai un jeune taximan que j'avais pris en abonnement mais depuis les premières gouttes d'eau de pluie tombées, il a carrément rompu le pacte. Mais je le comprends, c'est son outil de travail et de surcroît il est juste employé. En venant ici pour 2000 francs, il risque gros. En cette période hivernale, les petites pannes sont nombreuses et avec les routes boueuses et les immenses étendues d'eau qu'on retrouve sur certains axes, le risque et encore plus grand.
Aujourd'hui seul le bus de la ligne 77 et les minicars appelés « GUEULEU GUEULEU entrent dans la zone. Et au-delà de 22 heures, ils arrêtent. Si tu veux rentrer, il faut se rabattre sur les Jakartaman encore que ces derniers quand il y a de l'eau, rechignent et haussent les prix », explique M. Mbengue, professeur de son état et habitant à la cité Tacko.
Plus loin, dans les cités enseignants et Serigne Mansour, c'est le même calvaire. Ici, les populations ne doivent leur salut qu'à la ligne 48 qui dessert la zone. Les habitants souffrent doublement, en plus des eaux de pluies qui occupent les voies et rendent inaccessibles leurs domiciles, elles sont aussi confrontées à la remontée de la nappe qui arrive jusque dans leurs chambres et parfois même décape les carreaux dans certaines maisons.
« C'est la période où on ne dort pas, nous souffrons des effets des eaux de pluies qui stagnent sur les routes sablonneuses de nos quartiers, forment des lacs et rendent impraticables ces voies. On éprouve trop de difficultés pour aller et venir, surtout pour aller en ville où se trouve le grand marché. Tous les jours, le trajet aller-retour Cité enseignant, Cité Serigne Mansour et le centre est un chemin de croix pour nous. Une situation aggravée par les travaux inachevés de la route qui devait traverser les quartiers de SOCABEG à l'autoroute à péage, en passant par Enseignant, Serigne Mansour et une partie de Tacko, qui durent depuis des années », explique la dame Penda Faye qui habite la zone depuis une quinzaine d'années.
Selon certains Rufisquois, c'était une situation prévisible, car ces nouveaux quartiers étaient des anciens champs des familles léboues de Rufisque qui y cultivaient le gombo, l'oseille et le mil. A la faveur de la sécheresse des années passées, ces champs ont été morcelés et vendus par les descendants de ces familles, sans aucun aménagement préalable. Aujourd'hui, les habitants de ces quartiers en appellent au secours à l'ONAS pour la mise en place d'un réseau de drainage des eaux.
Certains ont même pis des initiatives pour inviter les habitants à cotiser pour au moins lancer les travaux d'assainissement, en attendant que les services de l'assainissement réagissent. Le vieux Rufisque est aujourd'hui menacé par le phénomène à cause de la vétusté des installations de canalisation dont la plupart remonte à la période coloniale, ou au début des indépendances.