Congo-Kinshasa: Goma - L'agenda caché des architectes du «Plan B»

31 Août 2023

Pendant que l'attention des Congolais reste focalisée sur la rentrée scolaire annoncée pour le lundi 4 septembre prochain, avec tout ce que cela provoque comme tension chez les parents en ce moment où il faut faire les derniers réglages, les habitants de la ville de Goma, dans la province du Nord-Kivu ont connu hier une matinée cauchemardesque.

À la base : un groupe d'individus se réclamant adeptes de la secte mystico-religieuse «Wazalendo», d'un certain prophète du nom de Bisimwa Ephrem, avaient pris d'assaut les rues de Goma pour marcher, malgré l'interdiction du Maire de la ville. Ils réclamaient le départ

de la Monusco, de la Force régionale de l'EAC (Communauté des États d'Afrique de l'Est), ainsi que celui de tous les occidentaux avec leurs ONGs, selon le communiqué du gouvernorat du Nord Kivu.

Vu la situation dans laquelle se trouve plongée la ville au plan sécuritaire et le régime d'exception (état de siège) sous lequel la province est placée depuis mai 2021, les forces de l'ordre sont intervenues pour faire respecter la loi et rétablir l'ordre public. Malheureusement, on a déploré des pertes en vies humaines et des dégâts à cause du refus des adeptes Wazalendo de se plier à la décision de l'autorité, celle interdisant la marche.

Le bilan provisoire avancé par le gouvernement provincial du Nord-Kivu fait état d'un policier lapidé à mort et de plusieurs blessés dans les rangs des forces armées, de 6 morts et des blessés, ainsi que 158 arrêtés du côté des adeptes Wazalendo.

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On rappelle que le chef spirituel de la secte, le prophète Bisimwa Ephrem, n'est pas à son premier forfait du genre. Il a déjà fait couler le sang des Congolais par le passé, notamment dans la province voisine du Sud-Kivu, où plusieurs de ses adeptes avaient trouvé la mort dans une situation similaire.

Les architectes du chaos ne désarment pas

Ce qui est arrivé hier à Goma n'est pas une situation isolée ou un fait du hasard. Les analystes voyent là une énième tentative des partisans du chaos qui, dans leur plan machiavélique, tiennent coûte que coûte à créer des troubles dans le pays afin d'obtenir ce qu'ils recherchent, c'est-à-dire le dialogue en vue d'une transition politique, en torpillant ainsi le processus électoral qui a pris la vitesse de croisière, parce que se sachant d'avance perdants par manque criant d'ancrages sociologiques sur le plan national. Et pour y parvenir, il faut programmer des meetings, marches et autres actions violentes, dans n'importe quelles conditions dans le but de pousser le pouvoir à la faute. Plusieurs scénarios ont été tentés, et en dépit des échecs répétés, ils semblent ne pas se décourager. Parmi ces scénarios, il y a l'instrumentalisation des milices créées de toutes pièces, dont le fameux M23, les Bakata-Katanga, les Mobondo, etc. La recrudescence de l'insécurité qu'on avait enregistrée la veille des

Jeux de la Francophonie procédait également du même schéma.

Il y avait un double objectif visé, à savoir créer la psychose chez les pays membres de l'OIF pour qu'ils n'envoient pas leurs athlètes à Kinshasa, au motif qu'il y règnait l'insécurité. Conséquence : l'annulation des 9èmes Jeux de la Francophonie à Kinshasa. Et le deuxième objectif étroitement lié au premier, était d'obtenir le report des élections générales de décembre 2023, afin d'imposer le dialogue auquel ils ne font que rêver avec leurs parrains aussi bien internes qu'externes, pour des raisons qui n'échappent à personne.

Le premier plan a lamentablement échoué face aux dispositions prises par le pouvoir. Les architectes croient avoir encore la chance ou les possibilités de bloquer la machine démocratique déjà en marche.

Car, s'il faut scruter les revendications des adeptes de Wazalendo, il y a lieu de conclure à une instrumentalisation parce que visiblement, rien ne justifie un tel soulèvement aussi longtemps que le retrait de la Monusco, tout comme celui de la force régionale de l'EAC, sont acquis.

Cette manie d'instrumentalisation des organisations de la société civile, faut-il le rappeler, n'a pas commencé aujourd'hui. Elle a déjà été expérimentée avec certains mouvements citoyens qui faisaient beaucoup de bruits avec des revendications souvent farfelues. Mais, le temps étant toujours l'ennemi du mensonge, certains leaders desdits mouvements ont fini par se dévoiler et s'enrôler officiellement dans les partis politiques de l'opposition. Donc, lorsque le jeu est connu, il faut seulement arrêter.

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