Moscou et Bamako ont forcé la main du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) et ont empêché le renouvellement du régime de sanctions au Mali. Ce régime avait été mis en place en 2017, à la demande de Bamako, contre des responsables des groupes armés, signataires de l'accord de paix de 2015.
La résolution qui prévoyait de prolonger d'un an le régime de sanctions mises en place en 2017 contre des individus mettant en danger l'accord de paix de 2015, et le mandat du comité d'experts chargés de les surveiller, a recueilli 13 voix en faveur, une abstention (Chine) et une voix contre (Russie).
La Russie a décidé d'utiliser son veto pour répondre à la demande de la junte au pouvoir, souligne notre correspondante à New York, Carrie Nooten. C'est un vote très symbolique, car il s'agit certainement du dernier vote du Conseil de sécurité concernant le Mali - la dissolution de la Minusma ayant été décidée, le pays ne sera en effet plus à l'agenda. Et ce veto russe, le premier du genre sur le dossier malien, est comme un ultime camouflet de Moscou et de son alliée, Bamako, à l'ONU. Les diplomates ne sont pas dupes ; le régime de sanctions allait forcément être réduit à moyen terme.
Un rapport du comité d'experts pointant l'armée malienne et Wagner
Ce veto est avant tout une réaction directe au dernier rapport d'experts publié la semaine dernière. Le comité d'experts y dénonce les violences faites aux femmes, automatiques et organisées, par les forces armées maliens (Fama) et leurs « partenaires de sécurité étrangers » - très certainement les paramilitaires russes du groupe Wagner.
Il constate aussi un processus de paix « paralysé », avec des groupes qui s'arment à nouveau, depuis l'annonce du retrait de la Minusma. Pour certains diplomates, surtout, supprimer ce comité d'experts, c'est éliminer le dernier mécanisme de l'ONU restant pour surveiller les violations des droits de l'homme au Mali.