Le 1er septembre 2009, une forte pluie s'est abattue sur Ouagadougou, occasionnant de nombreux dégâts. 14 ans après ce drame, les souvenirs sont douloureux, l'inquiétude demeure...
Le 1er septembre 2009, les Ouagalais se sont réveillés sous les eaux. La capitale burkinabè a enregistré près de 300 mm d'eau. Cette quantité de pluie « anormale » qui s'est déversée sur Ouagadougou a causé de nombreux dégâts.
Le bilan, l'on a enregistré, 46 morts, 40 000 maisons détruites, près de 200 000 sinistrés. L'hôpital Yalgado Ouédraogo n'a pas échappé à la furie des eaux. Totalement envahis par les eaux, des malades ont été évacués manu militari vers d'autres centres de santé.
Dans plusieurs quartiers périphériques, les dégâts étaient importants. En plus des maisons qui se sont effondrées comme des châteaux de cartes, des voitures, des motos, vélos...ont été emportés par les eaux.
Après le retrait des eaux, les habitations situées dans les zones inondables avaient le plus subi les effets des eaux surtout à cause de la fragilité des constructions.
La quasi-totalité de ces habitations étaient construites en banco sans une fondation solide. Selon des spécialistes de l'urbanisation, les causes des inondations étaient, entre autres, l'urbanisation illégale dans les zones inondables, l'absence de caniveaux, ou quand ils existent, les déchets s'y accumulent. A la suite de ce drame, le gouvernement a décrété l'état de catastrophe naturelle et débloqué une enveloppe de cinq milliards de F CFA pour gérer la crise humanitaire.
Au finish, il a été enregistré près de 150 000 victimes dont 48 000 avaient été relogées temporairement dans des écoles, des églises et des édifices publics.
Pour faire face aux énormes dégâts matériels, humains et financiers à Ouagadougou, le gouvernement a initié la réalisation de deux trames d'accueil (Bassinko et Yagma). Un appel à la solidarité nationale et international a été aussi lancé pour venir en aide aux victimes.
L'Unité de gestion des secours d'urgence (ex-comité ad hoc chargé de collecter les ressources provenant de l'appel du 7 septembre 2009) a été mise en place.
Dans le cadre de la clôture de ses activités, le mercredi 16 décembre 2015, elle a remis au Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, le rapport final des six années de gestion de cette catastrophe qui avait fait près de 200 000 sinistrés et coûté plus de 56 milliards de F CFA au pays. Selon son coordonnateur, Jean Baptiste Zoungrana, l'Unité de gestion des secours d'urgence a reçu 2 660 contributions qui s'élèvent à 19 028 836 723 de F CFA, dont 980 998 916 F CFA en nature.
Secours aux victimes
Les dons en nature étaient essentiellement composés de produits alimentaires, de matériel de couchage, d'effets d'habillement, de matériel de construction, de produits pharmaceutiques. Quant à la générosité financière des Burkinabè et des amis du Burkina Faso, cumulée à celle de l'Etat burkinabè, elle a été de 18 047 840 807 F CFA. L'unité a précisé que parmi les donateurs figuraient 15 personnes anonymes dont la contribution avoisine les 19 millions F CFA. Afin d'aider les sinistrés à se reloger où à construire leur nouveau « chez soi », 5 554 723 967 F CFA ont été dépensés. En plus de ce grand volet qui occupe le tiers des dépenses totales, il faut noter que l'aménagement et la viabilisation des sites d'accueil (2 016 773 438 F CFA), la réparation d'urgence d'ouvrages d'art (1 032 918 431 F CFA) ont constitué également de grands chantiers. Le total des dépenses s'élève à 17 144 975 670 F CFA.
Selon le rapport, 800 millions F CFA sont encore disponibles dans les comptes Trésor et BCEAO et « le reliquat des dons en nature a été distribué aux sinistrés de 2010, 2011, 2012 et des tôles sont encore disponibles ainsi que des parcelles pour les sinistrés des zones inondables déjà identifiées». Grâce à la gestion « transparente » des contributions, Jean Baptiste Zoungranaa a affirmé que l'Unité a continué de recevoir des dons de plus d'un milliard F CFA après la fermeture officielle de l'opération de collecte le 9 décembre 2009.
De la construction d'infrastructures telles que la digue du barrage N°3 en passant par la remise en fonctionnalité de plusieurs services sanitaires jusqu'à la réalisation d'un film documentaire et d'un répertoire des contributions, l'Unité de gestion s'estime heureuse des acquis engrangés.
Toutefois, elle a noté quelques problèmes, dont « l'insuffisance des ressources de la Brigade nationale de sapeurs-pompiers lors des interventions, la mauvaise gestion des aides reçues par les sinistrés, le non-respect des délais contractuels pour certaines entreprises, etc. ».
Des risques demeurent
Au regard de ce qui précède, la principale recommandation formulée par l'Unité de gestion des secours d'urgence est la mise en place d'un fonds de lutte contre les catastrophes, la gestion des zones inondables, la prise en compte des questions de résilience dans les politiques et programmes de développement.
Au Burkina, les inondations du 1er septembre 2009, ont laissé de douloureux souvenirs dans la mémoire des Burkinabè. Mais, 14 ans après, les facteurs d'inondations demeurent dans la capitale et dans nombreuses villes du pays.
Les habitats spontanés poussent comme des champignons dans tous les quartiers périphériques. Les maisons sont construites sans bases solides. Les citoyens bouchent les caniveaux avec les ordures de toute nature...
Le gouvernement avait annoncé un plan de restructuration des zones non loties. Mais depuis plusieurs années, rien ne semble bouger. Les comportements inciviques et l'«urbanisation sauvage » se poursuivent toujours. Il est temps de mettre de l'ordre dans toutes les villes du pays pour nous éviter encore des « 1er septembre »...