Madagascar: La battue du capitaine Laverdure pour retrouver les insurgés

Le roi Tsiaraso et son frère accompagnent le capitaine Laverdure dans sa marche sur Ambalavelona, mais sur leur route, ils trouvent tous- ou presque- les villages abandonnés. Néanmoins, « Ambalavelona a encore quelques rares habitants et quelques Indiens qui gardent leurs magasins » (Cassam Aly Ndandahizara, Ambala- velona ou l'insurrection anticoloniale dans le Nord-Ouest de Madagascar en 1898 ).

Malgré la situation défectueuse de ce point, Laverdure est obligé d'y laisser un poste et d'en faire le chef-lieu provisoire du Cercle annexe. Il cherche vainement à obtenir quelques renseignements auprès des prisonniers laissés à ce poste par l'administrateur Chauvot. Il réactive le poste avec trente hommes armés de fusils, sous les ordres du sergent fourrier Berthier et il continue sa battue vers l'intérieur du pays.

Le village de Benavony est abandonné, mais toutes les ressources sont intactes. Pour éviter toute déprédation, le capitaine qui a pour devise «Justice et Honnêteté», veut rassurer les gens pour leur faire réintégrer leurs villages, puis bivouaque avec sa troupe afin d'éviter tout acte de pillage. Le 7 novembre 1898, le groupe traverse les villages d'Ambolobozy et de Malilio qui sont aussi abandonnés. Dans la journée, il rencontre un groupe des gens de Benavony.

Les gens signalent que des « marofelana» (brigands) sont passés dans leur village, qu'ils ont volé divers objets, mais ils ne donnent aucun renseignement pour permettre la poursuite de cette bande. Selon Laverdure, leur programme a été « la visite du village d'Ambalafary, demeure du chef Anjaly, un bivouac à ce point, car les guides de Tsiaraso déclaraient ne plus connaître la route, à cause de l'obscurité ».

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En fait, le capitaine Laverdure se heurte là au système qu'ont rencontré tous les chefs de groupe, venant des guides « qui s'arrangeaient pour détourner la marche des troupes ou la retarder, de manière qu'elles ne puissent rien rencontrer devant elles ». En revanche, poursuit le capitaine dans son rapport, « les groupes ennemis, prévenus d'avance de notre marche, se disloquaient ou prenaient la fuite devant nous ».

Le 8 novembre, le groupe arrive à Marotolana, le village est complètement abandonné, mais les cases sont intactes. Cependant, seuls un amas de cendres et des bois calcinés marquent l'emplacement du poste. Le mât du pavillon brisé est sur le sol. Le pavillon est vite arboré, car la colonne cantonne dans le village et, le lendemain, le poste est reconstitué sur l'emplacement de l'ancien avec un sergent européen, trente tirailleurs et dix miliciens.

Une reconnaissance de mouvement est exécutée pour surprendre un chef rebelle, mais un « mauvais vouloir » des guides stérilise les mesures prises. Le 10 novembre, on retrouve le squelette carbonisé de l'interprète du garde Ettori. Le capitaine Laverdure obtient quelques renseignements sur l'attaque du poste et la désertion de huit miliciens dès le début de l'attaque.

Le lendemain, l'officier se met à la recherche des traces du garde Ettori. Tous les villages traversés sont abandonnés dans une fuite précipitée et le 12 novembre, la reconnaissance rentre à Marotolana. Le 13 novembre, apprenant qu'Ambalavelona a été attaqué, le capitaine Laverdure décide d'y revenir. Pourtant, ne voulant pas laisser Marotolana entre les mains d'un sergent, il désigne le sous-Lieutenant Sautel pour exercer le commandement. Le 14 novembre, à 8 heures, il est de retour au poste d'Ambalavelona.

C'est là qu'il apprend que, dans la nuit de 7 au 8 novembre, le lieutenant Gautier, désigné pour remplir les fonctions d'adjoint au commandant du Cercle annexe, arrive à Ambalavelona venant de Mahajanga. D'après le rapport de cet officier, vers 2 heures du matin environ, deux cents « marofelana », dont une trentaine armée de fusils et les autres de sagaies, attaquent le poste situé au milieu du village. « Après avoir incendié le village, les assaillants s'approchèrent à 50 mètres du poste en criant: vazaha, vazaha.» Le lieutenant repousse alors l'attaque et poursuit les fuyards qui abandonnent deux des leurs, dont l'un, armé de fusil, est abattu d'un coup de revolver par le lieutenant. Les tirailleurs disent en avoir vu cinq autres en porter.

Le lendemain 8 novembre à 14 heures, le poste est attaqué de nouveau par cent cinquante « marofelana», divisés en trois bandes, qui, après avoir tiraillé, sans causer de dommages sur le poste, sont repoussés et poursuivis à environ une heure de marche du poste. « Le lieutenant Gauthier signala le courage du sergent-fourrier Berthier et du sergent-indigène Galo-Diouf. »

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