Dr Marie Khémesse Ngom Ndiaye, Ministre de la Santé et de l'Action sociale, a conduit la délégation du Sénégal à la 73ème session du Comité régional de l'Organisation Mondiale de la Santé pour l'Afrique à Gaborone, Botswana. Cet événement coïncide cette année avec la célébration du 75ème anniversaire de l'OMS. Ainsi, elle a indiqué dans cet entretien accordé à allafrica.com, les stratégies de communication et les actions que l'État du Sénégal a posé pour vaincre le cancer du col de l'utérus.
Existe-t-il une stratégie de communication établi par le ministère de la Santé pour conscientiser les femmes et surtout les jeunes filles afin qu'elles puissent se protéger du cancer du col de l'utérus ?
La communication relative à la gestion du cancer globalement à savoir les cancers du col de l'utérus et du sein est incluse dans ce qu'on appelle le Plan national de lutte contre le cancer.
Nous avons un programme national de cinq ans qui est adossé par la Stratégie d'accélération de la lutte contre les cancers de l'Organisation Mondiale de la Santé.
Cette communication se fait à tous les niveaux aussi bien au niveau opérationnel, mais également au niveau des instances de décision, et au niveau national.
Le vaccin est-il disponible au Sénégal ?
La communication globalement va être sur différentes initiatives, la vaccination est dans ce qu'on appelle l'initiative de prévention et de promotion de la santé. Nous avons donc le vaccin contre le papillomavirus qui est disponible depuis 2018 au niveau de l'ensemble du territoire.
La vaccination est-elle gratuite ?
La vaccination est gratuite et on fait tout pour que tous les nouveaux vaccins soient intégrés dans ce qu'on appelle le Plan national de vaccination où vous avez plusieurs entités même du nouveau et celui des dernières années pour prévenir chez les filles de 09 à 14 ans.
Elle est disponible et gratuite sur l'ensemble du territoire dans les 14 régions, dans les postes de santé comme dans les centres de santé.
Quel est le nombre de dose de vaccin à prendre pour se protéger de la maladie ?
La vaccination se fait en une cellule de 02 doses chez les filles de 09 à 14 ans et les doses sont espacées de six mois.
Là également, il va falloir donc remercier vivement le secteur en charge de l'éducation nationale puisqu'une bonne partie de la cible se trouve au niveau de l'école primaire. Mais il faut dire qu'il y a une forte sensibilisation et une communication au niveau d'autres unités comme dans les Daraas (l'école coranique).
Il faut ainsi dire que c'est un travail remarquable que font les secteurs communautaires notamment les « Badjénou Goxx » (les gardiennes de la santé) et tous cela est au-dessus de la communication de masse.
Parce que nous pensons qu'en termes de la promotion de la santé, la communication communautaire est extrêmement importante pour que les communautés puissent s'approprier des initiatives que nous sommes en train de faire.
Cela n'empêche pas de faire une grande communication avec les télévisions de la place, et les radios locales. Nous comptons beaucoup sur la communication communautaire où les acteurs peuvent se déplacer pour faire des visites à domicile et sensibiliser la population locale.
Quel est le message que vous voulez faire passer aux populations face à cette maladie ?
Dans la gestion des cancers, particulièrement celle du cancer du col de l'utérus, cette lutte fait partie de nos grandes priorités dans le plan national de développement sanitaire et social.
Et pour cela, tout à l'heure, on n'a beaucoup parlé de communication et de sensibilisation qui rentre dans un domaine qui est la prévention et la promotion de la santé.
N'empêche, quand on a maintenant le cas qui se présente, naturellement, nous nous sommes efforcés pour renforcer les structures sanitaires à tous les niveaux pour qu'on ait un diagnostic précoce. Comme vous le savez, le traitement peut être extrêmement bon que si la détection est précoce.
C'est pour cela qu'il y a des formations chez les sages-femmes pour pouvoir détecter ce qu'on appelle les lésions précancéreuses, les lésions cancéreuses et quand vraiment c'est possible, aller dans nos structures de santé où le cancer est traité.
Concernant la chimio thérapie, aujourd'hui l'État a une subvention à hauteur d'un milliard de franc CFA qui fait que la chimio thérapie devient gratuite. Si vous allez à la radio thérapie aussi nous avons une subvention de près de 75%.
Pour rappel, la subvention de la chimio pour les autres cancers, peut aller de 40 à 60% et c'est extrêmement important. Au-delà de la chirurgie, parce qu'en terme de traitement de cancer, vous avez la chirurgie, la chimio thérapie et la radio thérapie en fonction des différents protocoles.
Est-ce que le vaccin est disponible chez les femmes vivantes dans le milieu rural ?
Vous savez maintenant le Président de la République a élevé de façon très haute les collectivités territoriales, ce qui fait que nous n'avons plus de zone rurale au Sénégal selon la législation.
C'est pourquoi j'ai dit tout à l'heure sur l'ensemble du territoire aussi bien dans les zones urbaines que dans les zones péri-urbaines. En effet, les postes de santé sont un peu partout au Sénégal, de même que les centres de santé.
La radio thérapie existait qu'à Dakar, actuellement, elle fonctionne normalement au niveau de Touba et dans les mois à venir quand on aura terminé tout ce qui est radio nucléaire avec les services qui s'en occupent, nous allons installer une unité de radio thérapie dans la zone sud.
Quel est le message clé que vous lancez aux parents ?
Je lance un message qui est d'aller comme pour toutes les autres maladies, sur la prévention et la promotion de la santé.
Quelque soit aujourd'hui les efforts, le traitement du cancer coûte cher en terme de finance mais également coûte cher pour la famille.
Quand je parle de cherté, c'est vrai qu'il y a les finances, mais du point de vue psycho-sociale c'est extrêmement lourd.
Ainsi, l'État va continuer ses subventions et mettre du matériel adéquat pour le dépistage, la détection précoce, d'équipements standards et tout ce qu'il faut en terme de formation de personnel.
Le vrai message reste dans la prévention, la sensibilisation et la communication pour qu'on puisse comprendre comment ce cancer apparaît et connaître les premiers signes. Il ne faut surtout pas attendre.
Concernant le cancer du sein, il est demandé de faire régulièrement la mammographie. Pendant « Octobre Rose », le prix de la mammographie est extrêmement réduit et grâce à l'appui de certains mécènes certains services peuvent être gratuits.
(Envoyé spécial à Gabarone)