Madagascar: Perspectives - Le Plan-cadre de coopération avec les Nations unies validé

Affaire conclue. Après quelques discussions de bonne facture, le gouvernement malgache et le Système des Nations Unies à Madagascar, SNU, ont confirmé leur collaboration pour le développement durable à Madagascar, pour la période 2024-2028.

Au nom du gouvernement de Madagascar et des Nations unies, la ministre de l'Économie et des finances, Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison, et le Coordonnateur résident du Système des Nations Unies à Madagascar, Issa Sanogo, ont signé hier à l'Hôtel Carlton Anosy le document du Plan- cadre de coopération des Nations Unies pour le développement durable, pour le prochain quinquennat, après la validation du contenu par le comité de pilotage du Plan-cadre de coopération pour le développement durable des Nations Unies à Madagascar, UNSDCF. Composé des ministres et chefs d'Agence des Nations Unies coprésidents de chaque priorité stratégique du cadre, des représentants des partenaires techniques et financiers, du secteur privé et de la société civile.

Selon les explications fournies à cette occasion, « ce plan- cadre de coopération est la réponse commune du système des Nations Unies aux priorités nationales et aux obstacles structurels dans la voie vers la réalisation des Objectifs de développement durable, ODD, à Madagascar et prend le relais du cadre de coopération actuel, dès le début janvier 2024. Il permet ainsi la continuité de l'engagement des Nations Unies à accompagner Madagascar, l'État malgache et sa population vers l'émergence du pays ».

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Engagement

En tant que co-présidente du comité de pilotage, Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison a réaffirmé l'engagement du gouvernement pour l'atteinte des objectifs de l'agenda 2030, par le biais de l'UNSDCF. Elle a souligné combien les interventions des agences des Nations Unies sont un soutien inestimable pour Madagascar, dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. « Nous osons espérer que, grâce à cet appui, la population malgache, en particulier les plus démunis, commenceront à ressentir une amélioration de leurs conditions de vie ».

Elle a également réitéré l'engagement du gouvernement à garantir une mise en oeuvre efficace et transparente des interventions. « À moins de 7 ans de la date fatidique de 2030, le défi à relever est important, d'autant plus que les progrès actuels, tenant compte des aléas climatiques, politiques, géopolitiques, ne permettent pas de maintenir le cap.

Il est donc impérieux pour nous tous, ensemble, d'agir de manière plus stratégique, responsable, transparente, ouverte à la collaboration, efficiente, efficace et axée sur les résultats, afin d'accélérer les progrès vers le Programme 2030 », a soulevé, pour sa part, le Coordonnateur résident du Système des Nations Unies, Issa SANOGO, tout en rappelant que le défi à relever pour ne laisser personne de côté requiert l'implication de l'État, et également une importante contribution des parties prenantes de l'ensemble de la société : les partenaires au développement, la société civile, le secteur privé, la communauté scientifique et universitaire, et toutes les forces vives de la nation, sans exception.

Suivant l'UNSCDCF 2024-2028, 21 entités du Système des Nations Unies travailleront aux côtés des acteurs nationaux suivant quatre priorités stratégiques : renforcer la bonne gouvernance, l'État de droit et la sécurité, assurer le développement du capital humain, impulser la productivité du travail et la création d'emplois productifs pour des revenus décents et une économie compétitive, renforcer la gestion durable, résiliente et inclusive de l'environnement et contribuer à la réalisation de la vision 2063 établie conjointement de faire de Madagascar, un pôle économique pôle économique régional.

Débats houleux sur l'atteinte des ODD

Un paragraphe introductif qui n'a pas fait l'unanimité. Il a été mentionné en guise d'entrée en matière de ce Plan-cadre quinquennal avec les Nations unies, que « compte tenu de la situation et des trajectoires actuelles, Madagascar n'arrivera pas à atteindre les ODD d'ici 2030. En outre, les chemins pour y arriver seront de plus en plus raides et difficiles, eu égard aux prévisions démographiques, à la surexposition aux impacts des changements climatiques et à la faible résilience aux aléas d'origine naturelle et autres... » Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison s'est dit choquée par cette fatalité que Madagascar n'arrivera pas à atteindre les ODD. « Réveillez la fierté qui est en vous » a-t-elle suggéré.

Ne dissimulant pas sa colère, le ministre de la Santé publique, le professeur Zely Andriamanantany, s'est emporté, se demandant « à quoi sert alors cet atelier de validation si c'est une cause perdue d'avance ». Harifidy Ramilison, ministre de l'Agriculture, plus pondéré, a mentionné pour sa part que « son département, avec de nombreux partenaires, a fait beaucoup dans la construction des infrastructures agricoles ». Plus tard, Boliko Mbuli Charles, représentant résident de la FAO, semble avoir répondu à Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison.

« Nous n'aurons pas de changement avec les mêmes méthodes. Pour avoir vécu quatorze ans au Japon, je peux dire qu'après le bombardement de Nagasaki et d'Hiroshima, beaucoup ont prédit que ce pays était foutu. Le Japonais a ravalé son orgueil pour accepter l'aide de son ennemi. Je confirme aussi que la nutrition et l'éducation forment le duo de base du développement. Aucun pays n'a réussi son essor économique sans ces deux considérations ». Issa Sanogo a arrondi les angles: « Comme tenu des paramètres globaux et des convulsions internes, aucun pays ne peut atteindre les 17 ODD.

Nous essayons de nous adapter au contexte mais sans suivre une logique linéaire. D'où la nécessité de changer de paradigme ». Madagascar ne satisfait que deux ODD, 12 et 13, et se classe 156 sur 163 pays jugés sur ces jauges multidimensionnelles. Thierry Rajaona, président du Groupement des entreprises de Madagascar, GEM, s'interroge sur l'avenir de ce Plan-cadre, avec la tenue de la présidentielle. Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison estime que « quoi qu'il arrive, cet acquis reste valide. Une sorte de constitution ». Finalement, tout s'est arrangé autour d'une pause déjeuner où chacun a retrouvé son calme.

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