Le festival Twiza, qui se déroule du 27 août au 1er septembre à Tunis, parle de diversité, d'inclusion, d'écologie et de culture, dans un contexte difficile pour les libertés en Tunisie. Le slogan de cette 3e édition est : « Les marginaux ont aussi le droit à la culture. »
Sur fond de musique africaine, dans un foyer universitaire de Raoued, une banlieue populaire du nord de Tunis, étudiants subsahariens et tunisiens apprennent des pas de danse. Une image fédératrice après les témoignages très durs de migrants expulsés et abandonnés dans le désert en juillet 2023. Latifa Logzhen, enseignante universitaire et membre de l'association Movma, en charge du festival, confie : « L'idée est de dire qu'on peut vivre ensemble, qu'on peut partager énormément de choses ensemble et qu'on peut aussi évoluer ensemble. »
Pour des raisons de sécurité, la logistique du festival a dû être adaptée cette année : « Lors de l'édition de 2022, les Subsahariens avaient complètement une soirée où ils s'étaient déplacés à la plage, là où il y a réellement les festivités. Avec tout ce qu'il s'est passé cette année, ils se sentent plus en sécurité dans un lieu fermé. »
« On reprend confiance »
Auguste Kembe Balima, burkinabé, est en formation en contrôle qualité dans l'industrie agroalimentaire depuis 2022 en Tunisie. Il participe à l'événement pour la seconde fois malgré le discours raciste qui s'est répandu chez une certaine partie de l'opinion publique ces derniers mois. « La peur, elle règne toujours, mais c'est comme un sentiment de méfiance. Par moment, pendant la situation, c'était certes difficile de vivre avec les autres. Mais avec le temps, tout s'estompe et on reprend confiance avec nous-mêmes. Et on a tissé beaucoup de bonnes relations avec les Tunisiens. »
Le festival, dont le nom d'origine berbère « Twiza » évoque la solidarité, aborde aussi via de nombreux débats la question écologique, la lutte anti-raciste, le féminisme, avec le soutien de plusieurs associations de défense des droits humains.