Vive émotion en République démocratique du Congo (RDC) après la mort d'une cinquantaine de personnes à Goma, le 30 août. La police, puis l'armée congolaise sont intervenues contre les membres d'un groupe religieux qui avait prévu de manifester contre les forces de l'ONU et de la région est-africaine dans l'Est du pays. Le rassemblement avait été interdit par les autorités. Le dernier bilan de la société civile parle de 48 civils et un policier tué, alors que le gouvernement annonce 43 victimes.
La mission des Nations unies (ONU) dans le pays, et dont les manifestants réclamaient le départ, a réagi ce vendredi 1er septembre dans la matinée. Bintou Keita, la représentante onusienne, « regrette profondément que la manifestation interdite ait occasionné la mort de civils, de policiers et de membres des forces armées congolaises, ainsi que plusieurs blessés [...]. La Monusco demeure préoccupée par les menaces de violence proférées avant la manifestation et rappelle l'importance de la résolution pacifique des différends et des conflits à travers un dialogue inclusif ».
Des réactions indignées émanent de la société civile et des défenseurs des droits de l'homme. La Lucha parle de « massacre » et dénonce un assaut mené par les militaires congolais. Elle appelle à la suspension du gouverneur militaire du Nord-Kivu, ainsi que du maire de Goma. L'organisation internationale Human Rights Watch estime que « c'est une manière extrêmement brutale et illégale de faire respecter une interdiction ». Elle exige que « les familles des victimes soient autorisées à voir les corps et que les responsables militaires soient jugés ».
Le gouvernement congolais attend « le résultat des enquêtes »
Réactions politiques aussi, notamment dans les rangs de l'opposition. Moïse Katumbi, le président d'Ensemble pour la République, condamne ce qu'il qualifie de « crime contre l'humanité » et ajoute : « L'incapacité du gouvernement à mettre un terme à l'insécurité est son plus grand échec. » Il demande une enquête, tout comme Martin Fayulu. Le président de l'Ecide parle du « carnage des membres d'un groupe révolté contre l'insécurité » et évoque une « énième violation des droits humains ».
De son côté, le gouvernement met en avant la violence préméditée de la part des manifestants tout en déplorant la réaction des forces armées congolaise. « Nous attendons le résultat des enquêtes pour qu'aucun acte ne puisse rester impuni », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, qui annonce aussi qu'une délégation gouvernementale est attendue prochainement à Goma.