Pour la première fois depuis le début de la crise au Niger, le président du Nigeria et actuel chef de la Cédéao a évoqué la possibilité d'une transition « si le pouvoir militaire [en place à Niamey] se montre sincère ». Ces propos ont été retranscrits dans un communiqué diffusé jeudi soir par la présidence nigériane, suite à une rencontre entre Bola Tinubu et le Conseil suprême des affaires islamiques du Nigeria.
Cela fait un moment que le président nigérian dit que l'usage de la force est la dernière option envisagée. « Personne n'est intéressé par une guerre », a notamment déclaré Bola Tinubu lors de sa rencontre avec les religieux islamiques ce jeudi.
Le président a ensuite fait référence à la transition de neuf mois qui a eu lieu dans son propre pays à la fin des années 1990. Bola Tinubu « ne voit aucune raison qui empêcherait le Niger de faire la même chose, si les autorités militaires sont sincères », indique le communiqué publié par la présidence. Une petite phrase qui fait des vagues, puisque la Cédéao a dû démentir l'idée d'un « calendrier de transition », alors que le Nigeria est considéré depuis le début comme l'un des moteurs d'une potentielle intervention militaire au Niger.
Pas de virage
Cette sortie du président Bola Tinubu ne marque pas un virage dans la position du pays, si l'on en croit les déclarations du ministre des Affaires étrangères du Nigeria - qui s'est exprimé sur la chaine en langue haoussa de la BBC. Yusuff Tugar a répété que la Cédéao n'excluait pas l'usage de la force pour sortir de cette crise. En revanche, il révèle qu'il a rencontré le ministre des Affaires étrangères algérien, à Abuja - mais ils n'ont pas évoqué l'idée d'une transition, telle que défendue par l'Algérie.
Jeudi, le président Bola Tinubu a bien précisé qu'il n'envisage pas un allègement des sanctions tant que les militaires nigériens persistent dans leur action, qu'il juge « inacceptable » : « Si nous ne les menaçons pas avec un gros bâton, nous allons tous en subir les conséquences. »