Médecins Sans Frontières (MSF) demande une intensification urgente de la réponse humanitaire dans le Haut-Nil, au Soudan du Sud, pour atténuer les difficultés des personnes fuyant le conflit au Soudan. Des milliers de personnes arrivent malades et épuisées au centre de transit de Bulukat à Malakal, dans le nord-est, après avoir navigué pendant près de 72 heures sur le Nil blanc.
Taux de mortalité élevé
Le centre de transit de Bulukat accueille environ 5 000 personnes à la fois, dont beaucoup doivent attendre plusieurs semaines avant d'être transférées. Ces personnes vivent sous des tentes de fortune ou en plein air pendant la saison des pluies, et n'ont pas suffisamment de nourriture, d'abri ou de soins de santé
« Dans nos structures à Malakal, nous enregistrons une augmentation alarmante du nombre de cas de rougeole et de malnutrition, en particulier chez les enfants », explique Luz Linares, chef de mission MSF au Soudan du Sud. « Le taux de mortalité dans nos structures est extrêmement élevé, car les patients arrivent très tard et déjà très malades ».
Depuis juillet, MSF gère une clinique mobile dans le centre de transit, assurant plus de 100 consultations médicales par jour. Les patients qui ont besoin de soins hospitaliers sont référés à l'hôpital MSF de la ville de Malakal. L'hôpital pédiatrique, dont la capacité a récemment été étendue de 70 à 121 lits, fait face à un taux de mortalité très élevé, de 5,95%. 184 patients ont été admis en juillet contre 114 en avril. De plus, les admissions dans le centre d'alimentation thérapeutique pour les enfants malnutris ont augmenté de 75% en juillet.
Manque de nourriture
Sur les 245 000 personnes qui ont trouvé refuge au Soudan du Sud depuis avril, environ 198 000 ont transité par Renk, dans l'extrême nord-est du pays, selon les Nations unies. Environ 50 % de ces personnes ont exprimé leur intention de rester dans l'État du Nil supérieur, une région déjà durement touchée par le conflit intercommunautaire et le manque de services de santé.
Les personnes qui reviennent du Soudan, en majorité des Sud-Soudanais également appelés « rapatriés », arrivent souvent épuisées ; elles n'ont généralement plus d'argent pour poursuivre leur voyage et dépendent de l'aide humanitaire pour survivre. L'accès à la nourriture est le problème le plus important pour les habitants de Bulukat.
« Nous avons besoin d'abri et de bonnes conditions de vie. Nous n'avons pas de nourriture ici. Nous n'avons pas de savon. Nous avons également besoin de moustiquaires », explique Akuch Deng, qui a fait le voyage depuis le Soudan avec ses deux enfants. « Le peu d'argent qu'ils donnent ici n'est pas suffisant pour nous approvisionner au marché ».
« Ce que l'on voit ici, en particulier les conditions de vie, est vraiment terrible », témoigne Apayi Dawa, infirmier superviseur de MSF à Bulukat. « Lorsqu'il pleut, les rares abris sont emportés par l'eau ».
Saison des pluies
À Renk également, les équipes de MSF fournissent des soins de santé primaires par le biais de deux cliniques mobiles et soutiennent un service pédiatrique et des structures de prises en charge des cas de rougeole et de malnutrition.
Mais au-delà de la rougeole et d'une situation nutritionnelle alarmante, une crise sanitaire plus complexe se profile avec l'arrivée de la saison des pluies.
« Nous risquons de faire face à une importante épidémie de paludisme si rien n'est fait pour améliorer les conditions de vie. Il faut davantage d'abris adéquats et distribuer des moustiquaires », explique Nuru Katikomu, coordinateur d'urgence de MSF à Bulukat. « En outre, il y a un risque d'épidémie de choléra, qui pourrait avoir des conséquences catastrophiques dans ce contexte. Nous avons besoin d'une mobilisation forte des organisations humanitaires pour empêcher une aggravation de la crise ».
MSF demande l'amélioration urgente des activités de dépistage à Renk ainsi qu'une intensification de la réponse pour fournir de façon coordonnée et rapide de la nourriture et tous les produits de première nécessité.