La combinaison d'un conflit armé prolongé, de déplacements internes et d'un accès humanitaire limité menace de plonger près d'un million d'enfants de moins de cinq ans dans la malnutrition aiguë d'ici la fin de cette année au Mali - et au moins 200.000 risquent de mourir de faim si une aide vitale ne parvient pas à les atteindre, ont déclaré vendredi les agences de l'ONU.
Cet avertissement intervient à un moment où près d'un quart de la population malienne est confronté à une insécurité alimentaire modérée ou aiguë, avec plus de 2.500 personnes au bord de la famine dans la région de Ménaka, touchée par la crise, dont de nombreux enfants vulnérables.
De hauts responsables humanitaires du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et du Programme alimentaire mondial (PAM) se sont rendus dans le pays cette semaine pour réaffirmer leur engagement à aider sa population.
Ted Chaiban, Directeur général adjoint de l'UNICEF pour l'action humanitaire, a souligné le besoin urgent d'assistance.
« Le Mali traverse une crise humanitaire complexe et a besoin d'un soutien urgent pour éviter un désastre pour les enfants, qui paient une fois de plus le prix le plus élevé d'une crise dont ils ne sont pas responsables », a-t-il dit.
Situation catastrophique
Environ cinq millions d'enfants dans ce pays enclavé d'Afrique de l'Ouest ont besoin de toute urgence d'une aide humanitaire dans divers secteurs, notamment la santé, la nutrition, l'éducation et la protection, ainsi que l'accès à l'eau potable.
Cela représente une augmentation importante d'au moins 1,5 million d'enfants dans le besoin depuis 2020.
« Nous devons faire tout notre possible pour aider les familles vulnérables, en particulier les enfants et les femmes, en travaillant en étroite collaboration avec nos partenaires pour prévenir la famine, lutter de front contre l'insécurité alimentaire aiguë et la malnutrition et renforcer leur résilience », a déclaré Carl Skau, Directeur exécutif adjoint du PAM.
Exposé à une multitude de violations
Outre les conflits et la violence, les chocs climatiques ont entraîné des déplacements massifs ces derniers mois. Fin juin, plus de 377.000 personnes avaient dû fuir, dont plus de la moitié étaient des enfants.
Selon les dernières estimations, au moins 1,6 million d'enfants ont un besoin urgent de protection. En 2022, les agences des Nations Unies ont vérifié 1.024 violations graves à leur encontre, notamment le recrutement et l'utilisation par les forces armées et les groupes armés, les meurtres et les mutilations.
Le conflit et le manque de ressources ont également contraint plus de 1.700 écoles à fermer, empêchant au moins un demi-million d'enfants d'accéder à l'éducation et les exposant à de nouveaux abus.
Un grave sous-financement
Malgré l'ampleur de la crise, les appels humanitaires pour le Mali restent gravement sous-financés.
Alors qu'il ne reste que quatre mois cette année, seulement 21% des 751,4 millions de dollars requis par les agences des Nations Unies pour les programmes d'assistance ont été collectés, tandis que l'appel humanitaire de l'UNICEF en faveur des enfants au Mali est financé à moins d'un tiers.
L'UNICEF et le PAM ont besoin d'urgence de 184,4 millions de dollars pour aider 8,8 millions de personnes en 2023, dont 4,7 millions d'enfants.
Le financement est essentiel pour fournir une aide alimentaire d'urgence aux populations vulnérables et soutenir les services médicaux, y compris le carburant pour garder les vaccins au froid.