Madagascar: Les villages détruits devant l'avancée des Français

A la suite de la première attaque d'Ambalavelona par les Antankarana et les Sakalava insurgés du Nord-Ouest malgache les 15, 16 et 17 novembre 1898, le capitaine Laverdure y fait une incursion et se renseigne pour faire une reconnaissance vers Ampagasy.

Ainsi, du 18 au 22 novembre, par des pluies torrentielles et des régions inondées, le pays est sillonné par des reconnaissances qui découvrent des campements fraîchement occupés et rencontrent des groupes de femmes et enfants qui disent avoir fui devant les «marofelana» (brigands). Le 23 novembre, il revient à Ambalavelona qui, pendant cette absence du capitaine, a été de nouveau attaqué, le 20 novembre. Selon les témoignages qu'il reçoit, « vers 2 heures du matin, par une nuit très obscure, le poste qui est alors commandé par l'enseigne de vaisseau Calemard, est réveillé par les cris de la sentinelle et des rebelles, une fusillade assez nourrie s'est produite sur une face de l'enceinte.

L'obscurité n'a pas permis de les suivre. Au jour, on ne retrouve sur le lieu de l'attaque que des traces de passage et des culots de cartouches. Un tirailleur du poste a été mortellement blessé par un projectile dans le bas ventre ;00 il a expiré dans la matinée ». Le 22 novembre à 2 heures du matin, une nouvelle attaque s'ébauche, mais elle est vite éventée et ne s'accentue pas. Du 24 au 27 novembre, le capitaine Laverdure reçoit un canon de 37, dix mulets et une pièce de 80 m/m de montagne. Il se prépare ainsi à marcher sur Bealanana, de concert avec le commandant Mondon « dont le poste a été enlevé par la rébellion qui a gagné toute la région de l'Ankaizina».

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Le 28 novembre, Laverdure laisse le commandement du poste d'Ambalavelona à l'enseigne de vaisseau Bouchard du « Fabert », qui remplace Calemard et il se met en marche vers Bealanana. Il est à la tête d'une troupe qui comprend le lieutenant Gauthier, son adjoint, le sous-lieutenant Scheer, le Dr Lecorre, médecin de 2e classe des Colonies, le prince Saïdina, quatre-vingt-trois tirailleurs, vingt-deux miliciens, le lieutenant d'artillerie Bailly-Masson et quatorze artilleurs, ainsi qu'une pièce de 50m /m de montagne et seize mulets. Le groupe bivouaque le 28 au soir à Malilio, après avoir constaté en route que les habitants sont rentrés dans leurs villages à la suite des reconnaissances précédentes.

Le lendemain, le groupe arrive à Marotolana, après avoir supporté de grosses difficultés de marche pour l'artillerie. « Les habitants de ce village rentrent en nombre appréciable. Félicités et rassurés par le capitaine Laverdure, ils prennent l'engagement d'aller chercher leurs amis pour les faire rentrer. » Le 30 novembre, Laverdure quitte Marotolana, mais auparavant, il grossit son groupe du sous-lieutenant Sautel et des dix hommes de ce poste. En organisant le poste de Marotolana, il prescrit à Sautel de se mettre en relation avec Bealanana « dont on pressentait l'enlèvement possible». Deux émissaires envoyés dans cette région rencontrent, effectivement, des avant-postes rebelles qu'ils arrivent à contourner et ils parviennent près de Bealanana. Là, ils apprennent « que le poste a été enlevé et détruit, que le garde Gouraud a été tué et que le village est occupé par un fort parti de rebelles ».

Les mêmes émissaires sont de nouveau envoyés pour pénétrer à Bealanana. Ils sont arrêtés par les rebelles qui les prennent pour des gens au service des Français. L'un d'eux est même gardé à vue, mais le second rapporte que les rebelles sont entourés de postes volants qui se replient devant les Français « pour leur tenir tête à Bealanana ». Les 1er, 2 et 3 décembre, le groupe ne se heurte à aucun groupe rebelle. Il lutte avec énergie pour frayer un passage à ses mulets qui rencontrent des difficultés considérables.

Il pleut et il fait froid dans les montagnes très élevées qu'il traverse. Dans la journée du 4 décembre, il arrive aux premiers avant-postes signalés par les émissaires, mais ils sont évacués. Des émissaires sont poussés sur Bealanana, mais ils ne s'avancent qu'en hésitant. Le lendemain, le groupe arrive en vue de Bealanana à 10 heures du matin. Il n'aperçoit que quelques groupes au sommet du mamelon, sur la pente duquel est construit le village. « Ils s'agitent et semblent s'abriter derrière les ouvrages en terre. »

Le groupe s'arrête. Aucune colonne n'est en vue et on ne reçoit aucune nouvelle du groupe Mondon. Un immense marais le sépare de Bealanana. Le groupe traverse avec difficulté le marais qui le sépare du village. La pièce est remise en batterie à 800 mètres pour fouiller, une dernière fois, le village dont le peloton, fractionné en deux, gravite les pentes d'accès. « Quand il arrive dans le village, il le trouve complètement abandonné, la moitié des cases incendiées ; tout dénote une fuite précipitée. »

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