Sénégal: Arrivée des premiers trains transportant les pèlerins au magal - Ambiance de grande fête à la gare de Touba

1 Septembre 2023

Il est souvent dit que les trains qui arrivent à l'heure n'intéressent personne. Cet adage très répandu dans le milieu journalistique s'est confirmé, ce vendredi, à Touba. Annoncé à 13h, c'est finalement près de trois tours d'horloge plus tard que le premier train devant convoyer les pèlerins pour le Magal est arrivé dans la ville sainte. Au grand bonheur des passagers visiblement très nostalgiques de ce moyen de transport.

Touba-15h30, ce vendredi 1er septembre, une chaleur épuisante règne encore en maître dans la capitale du Mouridisme, déjà noire de monde à quelques jours du grand Magal. Des sifflements forts et inhabituels et une lumière visible à plus d'un kilomètre attirent l'attention de plus d'un. La grande gare de Touba, communément appelée "gare bu mag", revit.

15h33, la locomotive, roulant lentement tel un escargot, se pointe sous le regard des agents ferroviaires et des dizaines d'éléments des forces de sécurité. C'est le Train de service long d'environ 300 mètres. A bord, il y a le directeur général de la société nationale des Chemins de fer du Sénégal (Cfs), Malick Ndoye, ses collaborateurs et une centaine d'étudiants de l'Isep (Institut supérieur de l'enseignement professionnel) de Thiès. Ces derniers sont des bénévoles qui vont se charger de la sécurité des périmètres ferroviaires et des passages à niveau clandestins, à en croire Babacar Gaye, superviseur de la gare de Touba.

Souvenirs

Quelques minutes après, le tout premier train commercial débarque. Et l'ambiance devient encore plus dense. Mayoro Ndiaye et son épouse, détenteurs respectivement du premier et du deuxième ticket de la deuxième classe, achetés à 4000 F Cfa l'unité, sont sortis avec fierté. Ils sont venus de Thiès. « Le train nous avait beaucoup manqué. J'ai acheté le premier ticket parce que j'avais envie de voyager avec », confie-t-il, nous montrant le document. Au bout de ses 66 ans, il se souvient encore qu'étant tout petit, son père et lui venaient au grand Magal à bord du train. « Aujourd'hui j'ai l'impression de vivre ces mêmes moments de bonheur et de joie », poursuit ce chauffeur de profession, une écharpe noire autour du cou. « J'ai laissé mon véhicule là-bas pour prendre le train afin de pouvoir passer tranquillement la fête et rentrer en toute sérénité », dit-il.

Pendant qu'il s'adresse à votre serviteur, son épouse, Mariama Diatta, est occupée à chercher un taxi pour se rendre au quartier Soura, leur point de chute. Mais contrairement à son mari, c'est la première fois pour cette native de Dakar. Deux petites valises et un gros sac sous ses pieds, elle salue une nouveauté dans le train. « Il n'y a plus de places debout et par conséquent, il n'a y pas d'agresseurs, une situation différente des scènes de violences à bord du train qu'on nous racontait », se réjouit-elle, l'air soulagé. Cette dame prévoit même de prier, devant le mausolée de Khadimoul Rassoul, pour le gouvernement et les autorités ferroviaires du pays. Car, jure-t-elle, « le train, c'est indispensable dans un pays ».

Réservation de billets pour le retour

A peine descendue du train, Absa Sourang, elle, pense déjà au retour. Cette jeune Thiessoise est charmée par le confort et le service qu'elle juge « satisfaisant ». En pleine discussion avec un agent des Trains du Sénégal (TDS), société chargée de l'exploitation, elle insiste pour trouver un ticket de retour, mercredi prochain. « Je veux réserver un billet pour le retour. On m'a demandé de patienter un peu », lâche-t-elle, le sourire aux lèvres. Juriste et agent administratif à l'Université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis, la passagère du train regrette de ne pouvoir le prendre qu'en 2023. «Il était vraiment temps. Parfois, nos parents nous racontent la belle ambiance dans le train et on avait hâte de la vivre sur la route du magal », raconte-t-elle.

Absa pointe tout de même la lenteur du trajet. Mais à yeux, la vie n'a pas de prix. « La priorité, c'est la sécurité. On est arrivés en toute sécurité, c'est l'essentiel pour moi. En prenant les bus, j'avais la trouille, mais pour aujourd'hui, ce n'était point le cas », dit-elle, plaidant l'extension du réseau ferroviaire sur l'étendue du territoire national.

Non loin d'un des guichets, Mame Marème Dièye, 50 ans, est aussi venue de Thiès. Sa fillette tenue à la main gauche, une grande valise posée à même le sol, elle ne compte pas aller à Keur Niang, sans réserver une place pour le retour. « C'est mille fois plus sécurisé que les moyens de transport routier », estime-t-elle, d'un ton sec, s'estimant moins stressée que d'habitude. « Quand je voyageais avec mes enfants pour des événements comme le grand Magal, j'étais toujours stressée, mais aujourd'hui, tout s'est très bien passé », fait-elle observer.

Toutefois, cette originaire du quartier Bakhdad de Thiès ne manque pas de pointer le retard par rapport au calendrier de départ. « On nous avait donné rendez-vous à 9h, mais finalement on a quitté à 10h et je suis arrivée à la garde (de Thiès) depuis 8h du matin », nous révèle la pèlerine, invitant les responsables à prendre les dispositions nécessaires pour éviter ces genres de désagréments dans l'avenir.

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